4,1% d’augmentation en moyenne en France. 4% dans le Sud-Ouest, soit la deuxième région enregistrant la plus forte évolution annuelle (après le Sud-Est). « Une fois n’est pas coutume », souligne le 21e Baromètre des salaires Expectra*, qui rappelle que cette région était la dernière du classement 2022. L’inflation « hors-norme » a certes incité les entreprises à mettre « la main à la poche » note l’étude. Mais c’est surtout à l’industrie, autrement dit l’aéronautique, que l’Occitanie doit cette belle remontée. « Dans la région, on constate d’ailleurs que c’est un peu deux salles, deux ambiances. Montpellier compte en effet un tissu très dynamique de start-up qui vendent davantage des projets et des postes en devenir que des packages attractifs. A Toulouse en revanche, l’aéronautique est entrée dans une ère post-Covid assez ahurissante. La demande est non seulement très forte, mais elle s’exprime principalement en CDI. Cela dope évidemment les négociations salariales et ce n’est pas fini », prévient Vincent Roiron, directeur de Région Sud-Ouest pour Expectra.
La refonte du système de cotation des salaires des métiers de la métallurgie, effective en 2024, va en effet provoquer de nouvelles augmentations. Un phénomène que certains, à commencer par Airbus, ont déjà anticipé... « Le responsable achats en logistique augmente ainsi ses revenus de 9,3% quand ceux du technico-commercial industriel connaissent un bond de 8,8%. Du côté des demandes, nous observons une très forte augmentation des recherches sur les profils d’études en ingénierie : + 67% de requête pour le technicien d’essais, + 64% pour le chef de projet industriel », précise l’enquête. La plus belle hausse revient cependant à l’UI designer, dont le salaire progresse de 9,6% cette année. Quant aux métiers de l’IT, ils occupent trois marches du Top 5 des meilleurs salaires de la région Sud-Ouest.
« A l’avenir, les demandes vont privilégier les candidats augmentés »
Si les deux premières places reviennent au directeur national des ventes, avec 64.800 euros bruts de rémunération, ainsi qu’au responsable administratif et financier (60.330 euros), l’architecte SI entre en effet pour la première fois dans le top des rémunérations, avec un salaire de 60.140 euros bruts. Il est suivi par le directeur de projets IT (59.590 euros) et l’architecte technique (54.460 euros). "L’IT est désormais essentiel au fonctionnement de l’ensemble des services d’une entreprise, ce qui explique l’attractivité des métiers digitalisés, mais nécessite aussi de posséder de plus en plus une double casquette, c’est-à-dire les compétences inhérentes à sa fonction, et du service dans lequel on est amené à l’exercer", rapporte Vincent Roiron. Le directeur régional voit d’ailleurs pointer une autre évolution du même ordre, mais en matière d’intelligence artificielle. "Nous en sommes aux balbutiements mais oui, l’IA va devenir un facteur différentiant dans de nombreux métiers. Et à l’avenir, les demandes vont privilégier les candidats augmentés."
Des candidats qui n’hésitent plus à mettre leur employeur en concurrence avec d’autres recruteurs. Quitte à frôler avec l’incorrection... "Ils sont nombreux à courir plusieurs lièvres à la fois, accepter un poste tout en continuant à négocier avec d’autres entreprises, finalement démissionner du jour au lendemain pour prendre un nouveau job, sans prévenir ni donner suite aux messages... Nous étions habitués à davantage de bienséance chez la population cadre...", déplore le directeur. Une évolution de plus, qui montre les limites du salaire comme levier de captation et de fidélisation. "Le salaire reste clé, mais il ne suffit plus. Les entreprises doivent (...) trouver le bon équilibre entre les perspectives d’évolution, la capacité à faire monter en compétences et le respect d’un bon équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle », conclut Khaled Aboulaich, directeur général d’Expectra.
Ingrid Lemelle
*Le baromètre des salaires est construit à partir de l’ensemble des postes pourvus par Expectra (Intérim, CDD et CDI) de profils Bac +2 à Bac +5. La règle imposant qu’un salarié intérimaire soit rémunéré au même niveau qu’un salarié titulaire garantit une bonne représentativité.
Graphiques Expectra.