Torus AI emploie aujourd’hui trente personnes à Ramonville-Saint-Agne. La start-up dispose également d’une filiale au Viet-Nam, dédiée à l’ingénierie et au traitement de données, où elle compte une cinquantaine de salariés. Grâce à cette première levée de fonds, en cours de préparation, elle espère doubler les effectifs de son siège toulousain d’ici trois ans. « Nous allons recruter majoritairement des chercheurs, doctorants en mathématiques et ingénieurs en intelligence artificielle, mais aussi des fonctions support et commerciales », explique Kiomi Matonnier, responsable communication.
Une étape importante pour la DeepTech, dont le modèle économique repose sur le triptyque conseil, recherche et incubation de spin-offs. Fondée en 2019 par le mathématicien et professeur international Tien Zung Nguyen, la société s’est fait connaître en remportant un concours mondial sur la prévention du cancer de la peau. De cette innovation est née BelleTorus, devenue une spin-off autonome après une levée de 17 millions de dollars en 2021. Depuis, l’entreprise a développé quatre expertises clés : traitement de l’image, traitement du signal, data analytics et IA générative. Son approche repose sur la création de modèles fondamentaux plutôt que sur l’usage de briques existantes, ce qui lui confère une position singulière dans le paysage de l’IA.
L’expertise scientifique et l’IA au service de projets à impact
La technologie de diagnostic cutané développée par Torus est aujourd’hui utilisée par l’OMS et Pierre Fabre ainsi que par de nombreux praticiens. « Des médecins, des kinésithérapeuthes, des infirmiers... Partout en France, y compris en Occitanie, véritable désert médical dermatologique », détaille Kiomi Matonnier. Il faut dire qu’à partir d’une simple image, la technologie peut détecter « plus de 2000 pathologies », poursuit-elle. Torus AI compte bien répliquer ce succès en déployant d’autres solutions à grande échelle.
L’entreprise a déjà signé des partenariats prestigieux, notamment avec le CNES, avec lequel elle a breveté un algorithme de traitement de précision du signal satellite, réduisant de moitié la marge d’erreur classique. Elle développe des applications dans la défense, la robotique agricole ou encore l’éducation, tout en poursuivant l’exploration de projets dans le domaine médical, notamment en radiologie. « On ne cible pas un secteur plutôt qu’un autre mais on se concentre sur les projets à impact, ceux qui feront une vraie différence sur le plan social ou sociétal », explique Kiomi Matonnier.
« Nous sommes désormais suffisamment matures sur les quatre approches de l’IA pour aller plus loin sur des projets d’ampleur. D’où la levée de fonds, qui devrait nous permettre de soutenir nos futurs partenariats stratégiques », résume-t-elle. Torus AI, qui a déjà déposé plus de 20 brevets depuis sa création, ambitionne d’accélérer pour porter son chiffre d’affaires à 15 millions d’euros, contre 2,5 millions actuellement, à horizon 2028.
Marie-Dominique Lacour
Photo : Tien Zung Nguyen, fondateur de Torus AI. Crédit Torus AI