Sophie Tragnan, vous êtes coach en orientation scolaire depuis plusieurs années, observez-vous un intérêt croissant pour l’alternance ?
Très clairement ! De la part des étudiants qui souhaitent sortir de l’école, mais aussi de leurs parents, certains étant freinés par le coût des études supérieures. Pour autant, l’alternance n’est pas toujours un choix judicieux.
Pour quelles raisons ?
Parce qu’elle nécessite tout d’abord d’avoir certaines qualités, que nous détectons facilement avec les tests de personnalité que nous faisons passer aux jeunes. L’alternance est parfaite pour les « pratico-pratiques », ceux qui aiment apprendre en faisant, qui ont besoin de résultats concrets… Mais elle est en revanche déconseillée aux profils plus conceptuels qui s’épanouiront davantage sur les bancs d’une université. Il faut ensuite avoir une très grande aptitude organisationnelle, être en capacité d’assimiler son programme et d’assumer en plus un travail. D’autant qu’il ne correspond pas toujours au métier auquel on se prépare…
Comment cela ?
Certaines entreprises considèrent encore leurs alternants comme une main-d’œuvre bon marché à qui l’on confie des tâches déconnectées du diplôme préparé, remplir des rayons par exemple alors que le jeune prépare une formation de commercial. Il est donc très important de prendre le temps de chercher son entreprise d’accueil, de s’assurer que les missions seront conformes aux attendus de la formation, et que l’on sera bien encadré. Et c’est généralement le cas sur les métiers porteurs, ceux qui souffrent d’un déficit de candidat.
Il faut dans tous les cas être prêt à s’investir ! Et parfois à faire quelques concessions au départ…
Quel est le bon timing pour se lancer ?
C’est vraiment très variable selon les métiers. Dans l’artisanat par exemple, l’apprentissage peut être opportun dès la sortie de 3e. Mais dans les études supérieures, l’idéal est à mon sens en 3e année, en Licence ou Bachelor. C’est là que les opportunités sont les plus nombreuses, les employeurs étant rassurés par le socle de compétences acquises pendant les deux premières années d’études des alternants. Et à partir de ce niveau d’études, les missions confiées sont souvent plus intéressantes. À partir du Master 1, l’alternance est fortement recommandée. C’est un formidable levier d’insertion professionnelle. Dans l’entreprise d’accueil, comme dans une autre, les alternants diplômés ayant dix fois plus de chance de trouver un travail que ceux qui sortent d’une formation initiale.
Propos recueillis par Ingrid Lemelle
Cet article est tiré d’un dossier consacré à l’alternance (conseils et témoignages), paru dans notre hors-série annuel « Les meilleures formations en Occitanie », actuellement en kiosque et sur notre boutique en ligne.