« On ira tous en Aveyron… » En 2007 sur l’air de Michel Polnareff, le département précurseur avait déjà compris que face à l’exode rural, le besoin de renouveler sa population devenait vital. Un constat toujours vrai : « Sans les nouveaux arrivants, nous aurions un déficit naturel d’environ mille habitants par an », appuie Catherine Sciberras, directrice de l’Agence Attractivité Tourisme de l’Aveyron. Pour y pallier, la plateforme ViensVivre.EnAveyron a vu le jour l’an dernier. Elle aura permis à une centaine de personnes de s’y installer en 2023.
Dans le département voisin de la Lozère, même combat : avec 19 habitants au km2, le territoire le moins peuplé de France mène depuis une dizaine d’années une forte politique d’accueil. « On ne voulait pas rentrer dans la spirale négative des commerces et services qui ferment », explique Pauline Favre, responsable de projet au Conseil Départemental 48. Cette année (à fin septembre), le dispositif LozèreNouvelleVie a déjà accompagné 130 foyers. Les deux structures offrent un accompagnement complet : logement, emploi du conjoint, conseils à la création ou à la reprise d’entreprise, solutions de garde pour les enfants, activités... « Nous leur donnons toutes les clés du territoire », analyse Pauline Favre.
« On assiste à une véritable remontée Nord-Sud »
Paradoxalement, dans ces deux départements nord-occitans, le taux de chômage atteint un niveau historiquement bas. « C’est tout le problème, les locaux ne suffisent pas à pourvoir les postes » explique Pauline Favre. Les deux organismes communiquent sans relâche pour recruter : salons, réseaux sociaux, campagnes de promotion… Lozère Nouvelle Vie propose même des webinaires réguliers ouverts à tous pour tenter de répondre à LA question : C’est quoi de vivre en Lozère ? Un dispositif qui fonctionne puisque « après chaque session, six ou sept personnes entament la démarche d’installation » explique Pauline Favre.
Les principaux flux proviennent de Toulouse et Montpellier mais aussi, plus étonnamment, de la région PACA : Marseille, Aix, Orange… « Une véritable remontée nord-sud » pour Catherine Sciberras. « Les raisons ? Le prix, le climat, la qualité de vie et maintenant la sécurité », analyse-t-elle. Plus loin, les Hauts-de-France deviennent aussi de gros pourvoyeurs, à l’instar des bassins parisiens et lyonnais. Pour Aveyron du moins : la Lozère « enclavée par le rail », attire moins les télétravailleurs qui ont besoin de rallier leurs bureaux régulièrement.
Faut-il s’inquiéter de l’accueil des locaux ? « Les Lozériens ont fait de l’accueil leur combat depuis longtemps » rassure Pauline Favre. Et en Aveyron ? « Je reconnais qu’il a fallu déployer beaucoup de pédagogie mais je crois que maintenant, on y est », s’amuse sa consœur aveyronnaise. Pour convaincre les habitants, le département est allé jusqu’à coupler sa politique d’attractivité par une campagne d’hospitalité, dédiant même au sujet un numéro spécial dans le journal local.
Marie-Dominique Lacour
lozerenouvellevie.com et viensvivre.enaveyron.fr
Crédit photo : ViensVivre.EnAveyron.
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Témoignages
« Je croûle sous la demande »
Valérie, artisan textile à l’atelier Maletine
« En 2014, je travaillais dans le nord de la France comme enseignant lorsque j’ai acheté ma résidence secondaire à Marvejols, une ville très dynamique, historique, très belle. Et petit à petit l’idée de s’y installer et d’ouvrir mon atelier a germé… Ma première démarche a été de contacter Lozère Nouvelle Vie, qui m’a aidé à valider mon projet et m’a donné toutes les informations dont j’avais besoin. J’ai été très soutenue par la mairie de Marvejols, Pôle emploi et d’autres, alors je me suis lancée en 2021… Après deux ans, je suis ravie. Je n’espérais pas que mon activité fonctionne si bien, autant sur les retouches que les cours de couture ! »
« On profite d’un cadre de vie incroyable »
Margot, commerciale chez Go&Live
« En région parisienne, on ne supportait plus le rythme, les bouchons... En Aveyron, on se régale, y compris notre petit garçon. On a acheté une maison de maître que l’on rénove à Colombiès. On a été très bien accueillis et même aidés par L’Aveyron Recrute pour trouver du travail. Alors que j’étais cadre dans la restauration, je suis maintenant commerciale. Un conseil à ceux qui veulent changer de vie : écoutez-vous et foncez ! »