L’étude est inédite. Jusqu’alors, l’Apec n’avait jamais interrogé les entreprises sur leurs difficultés de recrutement. Et si l’Association pour l’emploi des cadres observe l’évolution de certaines tensions structurelles, elle a décidé cette fois d’investiguer plus loin pour en mesurer l’ampleur. Par fonction et par région. Or l’Occitanie arrive en tête de ce complément d’enquête, avec 62% des projets d’embauche anticipés comme difficiles à concrétiser, contre 51% en moyenne en France. « Aucune région n’est épargnée, mais l’Occitanie enregistre le taux le plus élevé. Des difficultés liées aux besoins en cadres à hautes expertises techniques, largement supérieurs au nombre de cadres en recherche d’emploi, mais aussi à la concurrence très forte que se livrent certaines Entreprises de services du numérique pour attirer les talents, ou encore à la spécificité de l’emploi cadre régional, polarisé sur les deux principales métropoles que sont Toulouse et Montpellier », explique Carole Fistahl, déléguée régionale de l’Apec.
Le marché reste dynamique
Les tensions se révèlent sans surprise plus importantes encore pour les fonctions les plus recherchées par les entreprises, à savoir les cadres spécialisés dans l’informatique (8 recrutements sur 10 sont jugés complexes), les études et la R&D (71%), ainsi que l’exploitation tertiaire (68%). « Cette dernière recouvre un large panel de métiers (banque, immobilier...) mais ce sont ceux qui relèvent du médical et du social qui concentrent l’essentiel des difficultés en Occitanie », précise Carole Fistahl. Parmi les cadres actuellement les plus convoités, on retrouve ainsi les : développeurs, chefs de projet, ingénieurs systèmes, ingénieurs R&D, dessinateurs projeteurs, chefs de service socio-éducatif, psychologues, médecins spécialisés...
Des cadres logiquement confiants quant à leur capacité à changer éventuellement d’employeur. L’Apec les a interrogés sur leur perception du marché, et plus de la moitié d’entre eux estiment pouvoir retrouver un poste facilement. Une proportion qui atteint 66% pour les cadres informatique, mais seulement 47% de ceux qui évoluent dans l’industrie et le BTP. « On sent que les stigmates de la crise sanitaire restent bien présents », commente la déléguée régionale.
Ces tensions devraient perdurer. En dépit des inquiétudes que la guerre en Ukraine avait fait naître en début d’année, et des difficultés rencontrées, le marché reste en effet dynamique. « Le nombre d’offres d’emploi publiées sur apec.fr est, pour l’Occitanie, en hausse de 22% sur le 3e trimestre de l’année comparé à la même période en 2019, c’est-à-dire avant le Covid, et si on compare le 1er semestre à celui de 2019, la progression est de 35%. » Interrogées au national, les entreprises confirment en outre leur volonté de continuer à recruter des cadres d’ici à la fin de l’année : pour 62% des ETI et des grands groupes, 19% des PME et 6% des TPE. Les prévisions d’embauche, qui s’établissaient à 15.700 en Occitanie pour 2022, devraient ainsi être atteintes, voire dépassées. Et pour 2023 ? Réponse au printemps, lors de la publication de l’enquête annuelle de l’Apec...
Ingrid Lemelle
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