Dans l’académie de Toulouse, comment l’IA change-t-elle la façon d’enseigner ?

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Le recteur de l’académie de Toulouse a récemment présenté son grand « plan d’intégration de l’intelligence artificielle dans l’Éducation, la formation professionnelle et les services administratifs ». Une initiative inédite en France, en cours de déploiement pour la rentrée de septembre 2025.

Mostafa Fourar, vous êtes le recteur de l’académie de Toulouse. Intégrer l’IA dans l’Éducation est un vaste projet ! Par où commencer ?
L’IA est déjà une réalité dans nos classes. La première nécessité est de cartographier les pratiques pédagogiques pour identifier les initiatives efficaces et évaluer les besoins de formation des enseignants. À partir de là, je souhaite développer une communauté académique de partage des bonnes pratiques.

Que change déjà l’IA ?
L’IA modifie notre manière d’enseigner et nos objectifs. Le travail à la maison va évoluer car l’évaluation devra se concentrer sur le processus de production et plus seulement sur le résultat. L’IA va également renforcer certaines méthodes pédagogiques, comme la classe inversée ou la restitution à l’oral.

Et comment devient-elle objet d’apprentissage ?
Nous expérimentons notamment deux outils sur tablette : Mathia pour les mathématiques et Lalilo pour le français, dans 1500 classes de primaire. L’application évalue le niveau de l’élève et peut lui proposer des exercices adaptés, ce qui favorise sa progression sans ralentir la classe. La pédagogie adaptative est essentielle pour gérer l’hétérogénéité. Si ces essais sont concluants, nous espérons un déploiement à plus grande échelle.

Sur le deuxième volet du plan, qui concerne la formation professionnelle, qu’allez-vous mettre en place ?
En lien avec des entreprises, nous introduirons sous forme d’options des modules liés à l’IA dans quatre lycées professionnels dès la rentrée prochaine. Mon idée est de familiariser les élèves avec l’IA, non pas en tant qu’outil supplémentaire mais comme quelque chose d’intégré dans un processus industriel ou tertiaire.

Le troisième axe vise à moderniser l’administration. Par quels moyens ?
Nous sommes confrontés à une gigantesque masse de données à traiter. L’IA pourrait par exemple améliorer le remplacement des professeurs : les demandes ne cessent d’augmenter et nous recevons énormément de CV qu’il faut évaluer puis trier par filière, niveau et zone géographique… Un travail colossal. Mon espoir est d’avoir une application qui permettrait de traiter en temps réel l’ensemble du processus, depuis le recrutement jusqu’à l’affectation, toujours sous contrôle humain. Nous allons aussi mettre en place un chatbot pour offrir une assistance de premier niveau sur des sujets répétitifs comme les inscriptions, l’orientation, etc.

Et l’éthique dans tout ça ?
Une charte pour encadrer les usages responsables est prévue dans le plan, car effectivement, si l’on veut éviter de se retrouver avec de l’IA qui corrige de l’IA, nous devons nous poser quelques questions. Par ailleurs, l’égalité d’accès à l’IA est pour moi une exigence ; nous devons à tout prix éviter de créer de nouvelles injustices.
Propos recueillis par Marie-Dominique Lacour

Sur la photo : Mostafa Fourar, recteur de l’académie de Toulouse. Crédit photo Hélène Ressayres - ToulEmploi.

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Source : https://www.toulemploi.fr/Dans-l-academie-de-Toulouse-comment-l-IA-change-t-elle-la-facon,45396