Pour quelles raisons l’Occitanie figure-t-elle régulièrement en bas des classements de salaires ?
Il faut nuancer. Si on se réfère aux enquêtes de l’Insee, la région arrive bien sûr derrière l’Île-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes ou PACA, mais pas en dernière position. C’est vrai en revanche que les salaires des cadres y sont globalement plus faibles. Cela tient sûrement à une moindre représentation des cadres des secteurs de la chimie ou de la finance, dont les salaires sont plutôt élevés, au nombre limité de sièges sociaux, ou encore à l’attractivité du territoire. L’Occitanie dispose en effet d’un réservoir important de jeunes diplômés qui veulent généralement rester dans la région, puis dans leur entreprise ! Cela ne favorise pas la surenchère.
L’élaboration des rémunérations a-t-elle beaucoup évolué ?
Oui énormément, mais sur une longue période. De 1945 à 1950, les salaires étaient par exemple fixés selon les grilles dites Parodi, par l’État et les partenaires sociaux. Un système assez transparent. En 1950, ces derniers ont retrouvé la liberté de négocier et les salaires ont commencé à être déterminés selon un certain nombre de critères, prêtant à interprétation… Cela a contribué peu à peu à l’individualisation des rémunérations et à une certaine opacification. Jusqu’à l’apparition récente d’outils tels que Glassdoor, qui agrège un grand volume d’offres d’emploi et de salaires et contribue donc à une plus grande visibilité des pratiques des entreprises.
D’ici à 2026, les entreprises françaises de plus de 100 salariés devront justement avoir transposé la directive européenne leur imposant davantage de transparence salariale. Avec quel impact ?
On verra déjà de quelle façon la France va transposer cette directive dans son droit, avec quel niveau d’exigence. Mais ce qui est certain, c’est que cela va impacter le marché du recrutement, puisque les entreprises devront indiquer le salaire proposé pour chaque poste. Cela va dans le sens de l’attente des jeunes, pour qui le salaire représente aujourd’hui un moindre tabou. Et certainement tirer les rémunérations vers le haut…
Propos recueillis par Ingrid Lemelle
Crédit photo : TBS Education
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