L’initiative est inédite. L’accueil qu’elle a reçu l’est tout autant. Il y a quelques jours plusieurs dirigeants de cabinets de recrutement indépendants toulousains répondaient à l’invitation de Vincent Furlan, jeune fondateur et dirigeant de Feelinks et My Recruitment Agency. « Je leur ai proposé d’échanger sur nos activités respectives, de partager notre analyse du marché, pendant cette période de crise et après, et la plupart ont accepté. » Inédit en effet dans ce secteur fortement concurrentiel. Un dialogue probablement favorisé par une inquiétude largement partagée.
« Nous avons tous réalisé un très bon début d’année. Mais, depuis la mi-mars, la baisse d’activité est de l’ordre de 80 à 90%, et nombreux sont ceux qui estiment qu’il n’y aura pas de reprise avant septembre et de retour à la normal avant janvier 2021... Il va y avoir de la casse ! », prévient Vincent Furlan. Des craintes nourries localement par l’incertitude qui plane sur le devenir du transport aérien et ses effets sur l’industrie aéronautique. La situation également dans de nombreuses entreprises de services numériques. « Nombreuses sont celles qui ont actuellement la moitié de leurs effectifs en inter-contrat. Elles cherchent ainsi à les placer chez leurs clients qui les embauchent parfois pour des contrats de deux à trois mois. Et ensuite ?... »
100% des cabinets au chômage partiel
Activité partielle, prêts garantis par l’État, diversification des marchés... les cabinets de recrutement tentent ainsi de s’adapter à une crise qui s’annonce longue... « Selon une récente étude du Syntec, 96% des entreprises de conseil en recrutement ont actuellement recours au chômage partiel, et toutes estiment qu’elles y passeront en mai. C’est effectivement une façon de limiter les dégâts, mais après ? » Lucide, Vincent Furlan a cependant fait le choix de l’optimisme. « Je ne sais pas ce qu’il adviendra, mais je veux me battre jusqu’au bout avec mes équipes. J’ai d’ailleurs intégré un nouveau consultant à Strasbourg pendant le confinement, car j’ai estimé que je ne pouvais pas passer à côté d’un tel profil ! Cette période de ralentissement nous a aussi permis de finaliser deux offres visant à valoriser la marque employeur de nos clients : la première leur permet d’adopter une démarche proactive vers les candidats avec des campagnes marketing digitales, en lien avec Google et LinkedIn, la seconde d’augmenter leur visibilité à partir de pages web dédiées, hébergées sur le site de notre agence. »
Si les clients se font moins nombreux, My Recruitment Agency entend également faire valoir ses spécificités auprès de ceux qui vont continuer à recruter. « La concurrence va être féroce car il est évident que tous les cabinets vont se ruer eux, mais nous avons un positionnement différenciant qui a fait ses preuves et peut nous permettre de gagner de nouveaux marchés », estime Vincent Furlan, qui laisse par ailleurs entendre qu’il pourrait prochainement lancer d’autres prestations en réponse à la situation dans laquelle vont se trouver de nombreuses sociétés...
Martin Venzal
Sur la photo : Vincent Furlan, dirigeant de Feelinks et My Recruitment Agency. DR.