Laurent Besson, directeur général d’Es-Tête, l’admet : jamais il n’aurait pensé que son cabinet de recrutement, créé à Toulouse en 2003 sous un statut classique, deviendrait une société coopérative. « Nous connaissions les Scop par nos clients, sans plus », explique-t-il. Mais lorsqu’en 2023 son cofondateur Patrick Ourliac envisage de prendre sa retraite, se pose la question de la transmission. « Nous avons tout envisagé, y compris la vente pure et simple de l’entreprise. Finalement, le modèle coopératif s’est présenté à nous comme une opportunité. Il était totalement pertinent », se souvient-il.
En effet, ce choix permet d’assurer à la fois la pérennité de l’entreprise et le départ de son associé dans de bonnes conditions. Les deux patrons s’inquiètent toutefois de la réaction des équipes. Pas longtemps : à leur heureuse surprise, l’adhésion est unanime et tous les collaborateurs décident d’entrer au capital. Accompagnée par l’Urscop (union régionale des Scop et Scic), Es-Tête devient officiellement société coopérative en décembre 2023, présidée par Carlos Verkaeren, ancien dirigeant de la biscuiterie Poult. Elle compte aujourd’hui une quinzaine de salariés et quatre associés externes, qui œuvraient déjà auparavant sous la bannière Es-Tête.
Un modèle qui met les salariés au centre
Si l’entreprise a toujours prôné un fonctionnement très collégial, l’engagement des salariés a franchi un nouveau palier depuis la bascule. « En toute logique, ils sont beaucoup plus intéressés qu’avant par les questions financières et de gouvernance. Mais plus surprenant, ils se montrent aussi plus impliqués et volontaires dans des projets annexes, comme les initiatives solidaires », se réjouit Laurent Besson. Les salariés se sont ainsi positionnés « de façon spontanée » sur des actions de collecte et distribution alimentaire proposées par le Cœur des entreprises, un fonds de dotation du bassin toulousain dont Es-Tête est membre.
Forte de ce nouveau statut qui lui permet d’asseoir ses valeurs et sa culture d’entreprise, Es-Tête s’estime parée pour affronter les grands enjeux du moment : l’utilisation de l’intelligence artificielle, la réindustrialisation du bassin économique ou encore l’attention portée aux candidats dans un contexte toujours plus exigeant. En parallèle, l’entreprise poursuit ses ambitions de croissance, organique et externe. Déjà implantée à Toulouse, Lyon et Paris, elle pourrait ouvrir prochainement une nouvelle antenne dans une autre métropole française.
Marie-Dominique Lacour
Photo : l’équipe Es-Tête, crédits Es-Tête
