Vous accompagnez depuis plus de quinze ans de jeunes diplômés à la recherche de leur premier emploi, quels sont les principaux freins qu’ils rencontrent ?
Ils sont principalement d’ordre personnel. La plupart s’autocensurent par manque de confiance en eux, s’interdisent par exemple de postuler à telle offre qui requiert deux ans d’expérience, n’osent pas adresser de candidature spontanée, craignent l’échec... Et puis il y a ceux, moins nombreux, qui à l’inverse ont une surestime de leur profil, souvent nourrie par le discours des écoles qui les ont formés et leur ont promis de supers postes et salaires...
Comment « rectifiez-vous le tir » ?
À l’Apec, nous abordons tous les jeunes diplômés de la même manière, notre rôle étant de mettre chacun face à la réalité du marché du travail. Car s’il existe bien sûr des études ou des simulateurs de salaires, il ne s’agit là que de repères. L’important, c’est de vérifier ces repères et de confronter son projet auprès des recruteurs. Et cela nécessite de la méthodologie !
C’est ce que vous leur apportez lors de votre atelier « Objectif premier emploi » ?
Oui, et c’est ce qu’ils apprécient beaucoup car ils sont souvent démunis, ne savent pas comment s’y prendre, comment se vendre. Et cela passe avant tout par une bonne connaissance de soi et de ses atouts. Or aujourd’hui, entre leurs stages, leurs expériences à l’étranger, leur double diplôme... les jeunes en ont vraiment beaucoup plus à faire valoir que leurs aînés ! Et savoir ce que l’on vaut et ce que l’on veut est essentiel pour définir son projet et être convaincant en entretien d’embauche. Pour pouvoir se mettre en action, créer son CV, travailler sa visibilité sur les réseaux sociaux, incontournables aujourd’hui, déterminer ce que l’on peut apporter à telle ou telle entreprise... Nous leur donnons également des outils pour élaborer un plan d’action. Et le mener. Car au final, c’est bien à eux qu’il revient de postuler.
Est-ce que vos conseils sont différents dans ce contexte de ralentissement économique ?
Oui bien sûr, nous mettons notamment l’accent sur le marché de l’emploi caché et sur l’importance d’aller chercher l’information. Pas un atelier sans que je leur conseille de lire ToulEmploi, d’ailleurs (rires). Et surtout, il faut oser ! Plus que jamais ! Oser faire de l’approche directe, oser activer toutes sortes de réseaux, demander de l’aide, prendre son téléphone... et rester positif ! D’où l’importance de planifier sa semaine, de faire des actions concrètes et de gagner ainsi de petites victoires. Cela renforce la confiance en soi et permet d’en remporter ensuite de plus grandes ! Il faut aussi se ménager des instants de plaisirs, prendre soin de soi. Et ne pas s’isoler !
Propos recueillis par Ingrid Lemelle
Photo DR.
Comment ont-ils trouvé leur emploi ?
Selon le Baromètre 2020 de l’insertion des jeunes diplômés réalisé par l’Apec, les diplômés de 2018 ont trouvé leur emploi ainsi :
- Offre d’emploi (24,5%)
- Candidature spontanée (18,5%)
- Dépôt de CV sur Internet (15%)
- Suite à un stage (14,5%)
- Réseau hors Internet (13,5%)
- Suite à une alternance (6,5%)
- Réseaux sociaux sur Internet (6%)
- Cabinet de recrutement (4,5%)
- Création d’entreprise (3,5%)
- Prise de contact directe : salon, forum (2%)
- Concours (2%)