
Nicole Calvinhac, pourquoi le chef d’entreprise
doit-il faire appel à un expert-comptable ?
Trois entreprises sur cinq meurent dans les cinq ans qui suivent
leur création faute d’avoir été accompagnées. Un entrepreneur
qui a su s’entourer a plus de chances de traverser les trois
premières années de l’existence de sa société, cette phase étant
considérée comme la plus critique.
Un chef d’entreprise doit être en mesure de piloter et de développer
son entreprise. Il doit pouvoir assurer au niveau commercial et dans la phase de production, des domaines pour lesquels il est diplômé ou il a de l’expérience. Mais il doit être capable de déléguer pour les tâches qu’il ne maîtrise pas. Les débuts d’une entreprise sont suffisamment difficiles pour qu’il ne s’encombre pas de la partie administrative, plus rébarbative.
De plus, un pilote doit pouvoir disposer d’un tableau de bord à jour
et d’un pare-brise bien nettoyé. Le rôle de l’expert-comptable est donc de l’accompagner face à ses obligations fiscales, financières, et dans les options à prendre au niveau administratif et juridique.
Il doit lui permettre entre autres de préparer son budget de fonctionnement ou de choisir la forme juridique qui convient le mieux à
son entreprise selon son secteur d’activité, son développement
ou ses investissements.
Le créateur doit se concentrer sur ses idées et ses compétences
et ne pas dépenser son énergie ailleurs. Les Français répugnent
bien souvent à payer pour des prestations de service, alors que
le coût du service est bien souvent nul. La gestion d’une entreprise
est un métier et à chacun ses prérogatives.
Comment l’Ordre des experts-comptables accompagnent-ils les
projets de création ?
Nous proposons des consultations gratuites à la CCI ou à la
Chambre des Métiers pour éclairer les jeunes entrepreneurs dans
leurs choix par rapport à leurs projets. Il faut en effet adapter son
projet à sa structure. Ainsi quelqu’un qui souhaite créer une entreprise « pour voir » sera orientée vers le statut de l’autoentrepreneur,
qui est, contrairement aux idées reçues, peu intéressant fiscalement. C’est une bonne solution pour tester son activité ou pour disposer d’un revenu secondaire. Dans le cas, où l’investissement est minimal, c’est
également une bonne option. Mais il ne faut pas le rester toute
sa vie, sous peine d’avoir des surprises au moment de sa retraite.
D’ailleurs, désormais, le recours au diagnostic d’un expert-comptable
a été rendu obligatoire par le législateur au bout de trois ans
en tant qu’auto-entrepreneur.
Parmi les autres statuts, on compte le régime des indépendants,
l’EIRL, l’EURL et la SARL. L’EIRL est un statut très récent, les derniers décrets d’application ont été pris au premier semestre 2012. Il s’agit essentiellement du moyen d’avoir une activité tout en protégeant son patrimoine personnel. Ce statut se situe à la frontière entre l’entreprise indépendante et l’EURL.
Si on a un projet de création plus conséquent avec un rachat de
fond, de clientèle ou un développement possible, la SARL est plus appropriée, en sachant qu’il s’agit d’une structure d’activité
juridiquement plus lourde.
Comment choisir son expert-comptable ?
Il faut savoir que chaque expert- comptable est titulaire d’un Bac + 8 et a effectué trois ans de stage. Ils sont donc tous formés et dotés d’une expérience suffisante pour accompagner un créateur d’entreprise. Cependant, le feeling doit passer entre l’expert-comptable
et son client, comme entre le médecin et son patient. Je compare d’ailleurs souvent les deux professions. Nous prêtons serment
comme eux, nos études font la même longueur, nous effectuons
un stage, et nous possédons également un Conseil de l’ordre qui nous audite régulièrement.
Qu’en est-il de la phase critique ?
Il s’agit bien souvent d’un problème de rentabilité, soit le chiffre
d’affaires n’est pas suffisant en comparaison des charges, soit les
charges sont importantes pour le chiffre d’affaires. Voilà pourquoi, il
est important d’avoir un tableau de bord tenu bien à jour. Il est parfois
difficile de faire comprendre aux entrepreneurs qu’un solde positif ne signifie pas une bonne activité et que réciproquement un découvert n’est pas signe de faillite.
Propos recueillis par Agnès Fremiot
Retrouvez cette interview, ainsi que tous les conseils utiles pour créer son entreprise dans le Guide du créateur d’entreprise en Midi-Pyrénées.