Dominique Escafit, vous avez lancé votre centre de formation sur l’orthographe en fin d’année dernière, pourquoi ?
Nous étions à la tête d’une agence de communication, et nous avons constaté au fil des années que l’orthographe de nos collaborateurs pouvait poser problème dans nos relations avec nos clients. Il n’existait aucune offre à Toulouse pour les former sur ce point, voilà pourquoi nous nous sommes rapprochées du projet Voltaire pour lancer notre formation.
La région Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées est première du dernier baromètre Voltaire, comment réagissez-vous à ce classement ?
L’information nous réjouit, mais nous laisse un peu sceptiques. Nous avons fait le constat, dès le lancement de notre centre, que les entreprises toulousaines étaient très en retard pour la remise à niveau en orthographe et en grammaire de leurs collaborateurs.
On nous a d’ailleurs répondu que, dans l’écosystème aéronautique, on privilégiait l’anglais plutôt que le français. Pourtant, notre étude de marché nous avait prouvé que le besoin était réel.
Quels sont les enseignements que vous tirez de la dernière édition du Baromètre Voltaire ?
Le niveau continue de baisser. Le nombre de personnes qui le réussissent est en recul. Le constat est implacable sur ces dernières années. Les gens ont de plus en plus de mal à passer les différents niveaux.
Quel est l’impact des fautes d’orthographe pour les salariés et les entreprises ?
Elles touchent les demandeurs d’emploi qui n’arrivent pas à trouver de travail à cause des fautes dans leurs lettres de motivations et leurs CV. D’ailleurs, 60% des CV reçus par les recruteurs sont rejetés en raison des fautes.
Elles concernent également les entreprises dont les échanges écrits avec les clients sont très nombreux, notamment celles qui évoluent dans le secteur du conseil, de la communication, ou des services commerciaux. Ces fautes ont un impact financier réel pour elles. Certaines demandent par exemple à ce que d’autres collaborateurs relisent les écrits, mais cette tâche a un coût. De plus, les fautes sont souvent préjudiciables pour l’image de la société et peuvent même aboutir à des litiges qui impactent leur activité.
Quelle est la règle la plus problématique selon vos observations ?
L’accord du participe passé est celui qui pose le plus de problèmes, notamment avec les réfléchis ou l’auxiliaire avoir.
Propos recueillis par Agnès Frémiot
Sur la photo : Dominique Escafit, co-fondatrice de l’école Orthographe Toulouse. Photo Sliman Chafa.