« En cette rentrée, nous constatons une reprise de l’apprentissage en Midi-Pyrénées. C’est un bon signe pour l’activité économique, pour l’équilibre des CFA et pour l’emploi des jeunes », soulignait le préfet de Région, Pascal Mailhos, le 29 octobre dernier, à l’occasion d’une visite au siège toulousain d’ErDF. Mais aussi pour l’intégration des travailleurs handicapés, qui était précisément le sujet de ce déplacement.
L’apprentissage est en effet une voie de plus en plus favorisée par ces publics pour intégrer une entreprise. En quelques années, la région est d’ailleurs passée du sixième au troisième rang national en la matière. « Toutes les entreprises qui y ont eu recours assurent que c’est une opportunité formidable », reprend le préfet.
« Respectés et reconnus par leurs collègues »
Plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, l’apprentissage est ouvert sans limite d’âge aux travailleurs handicapés. D’autre part, il favorise l’acquisition directe de compétences, alors que le manque de qualification est souvent pointé comme un frein à l’embauche. Enfin, apprentis et entreprises bénéficient d’un accompagnement financier et technique poussé de la part de l’Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées (Agefiph). Les aides atteignent de 1500 à 3000 euros pour l’apprenti handicapé, et 3000 euros par an pour l’entreprise.
Les employeurs abondent également cet argumentaire. À l’image de William Gonzalez, le patron du restaurant Pizza Paï, à Portet-sur-Garonne, qui compte un travailleur handicapé chargé de la confection des desserts, et a récemment recruté une jeune apprentie. « Je ne regrette pas le temps passé à en faire de vrais professionnels de la restauration », appuie-t-il. « Ils ne sont jamais absents, jamais en retard, et ont su s’adapter à la modification de leur poste. Ils sont respectés par leurs collègues, respectueux, et d’autant plus impliqués qu’ils sont reconnus en tant que personnes. »
ErDF, moteur de l’apprentissage pour les travailleurs handicapés
Pour faciliter leur intégration, William Gonzalez, qui envisage de recruter un troisième travailleur handicapé en salle, avait préalablement réuni l’ensemble de ses équipes. Avec pour consigne de considérer ces nouveaux venus comme des collègues à part entière. « La préparation à l’arrivée d’une personne handicapée est très importante, car elle facilite l’intégration en démystifiant la problématique du handicap. Dans nos unités, il s’agit d’une simple caractéristique comme le sont l’âge, le sexe ou la taille, et cela n’impacte donc pas les relations », complète Eric Lafabrègue, DRH d’ErDF pour la direction régionale Midi-Pyrénées Sud, qui a lui aussi constaté un très grand professionnalisme de ces personnels.
Le gestionnaire du réseau électrique est fortement engagé dans l’insertion des personnes handicapées et dans l’apprentissage. Il a même noué un partenariat avec le CFA Pierre-Paul Riquet pour former ces publics spécifiques. Sur les treize apprentis sortis de la première promotion, Eric Lafabrègue a constaté « un seul échec, tandis qu’un certain nombre a même décidé de poursuivre ses études. »
Assurant que « tous les métiers peuvent être exercés en situation de handicap », le DRH se montre d’autant plus satisfait de cette expérience qu’il « recherche avant tout des compétences. » « Le modèle est duplicable dans n’importe quelle entreprise. L’apprentissage permet de voir sur le terrain si la personne répond aux attentes, et l’emploi de personnes handicapées est vecteur de diversité et de lien social au même titre que la féminisation, l’emploi des seniors, ou l’embauche de jeunes issus de quartiers dits sensibles. »
Thomas Gourdin
Sur la photo : Pascal Mailhos (au centre), le préfet de Région Midi-Pyrénées, le 29 octobre dernier, à l’occasion d’une visite au siège toulousain d’ErDF. Photo ErDF.