Selon le rapport annuel de l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs, 4934 dirigeants occitans ont perdu leur emploi l’an dernier. Treize, chaque jour. Ils sont 1374 de plus qu’en 2022, conséquence logique de la vague de faillites qui déferle en France depuis le second semestre 2023.
L’Observatoire, formé par l’association GSC et le groupe Altarès, souligne que la hausse n’a épargné personne, pas même les plus expérimentés. « 33 % de hausse au niveau national, 38 % en Occitanie ; à quelques points près, la tendance est la même partout », constate Anthony Streicher, président de l’association GSC. Même si la situation était « prévisible », pas question de faire l’autruche. « C’est inacceptable », complète-t-il.
« Une lente montée des eaux plutôt qu’un tsunami »
Car derrière la vague de faillites se cachent autant d’hommes et de femmes, fauchés de plein fouet par la dure conjoncture. Un tiers d’entre eux recréeront une entreprise dans l’année, d’autres se tourneront vers l’intrapreneuriat. Mais ceux qui préoccupent Anthony Streicher, ce sont les autres, la majorité silencieuse « qui disparait à la sortie du tribunal », pressés de dégoter un job alimentaire. « Ils sont seuls et ils n’ont plus rien », déplore le président de GSC.
2024 ne s’annonce pas sous de meilleurs auspices. « Les chiffres vont encore grimper, probablement de 15 à 20 % », affirme Anthony Streicher, qui remonte une situation « totalement inédite ». « C’est la première fois que nous, chefs d’entreprise, rencontrons une telle accumulation de problématiques », ajoute-t-il. Et de détailler, pêle-mêle, « le remboursement des PGE, les procédures d’assignation Urssaf et la hausse des taux d’intérêt », mais aussi « le changement des comportements de consommation, l’inflation, les difficultés de recrutement, les pénuries… »
Quand le bâtiment va, tout va.
Souvent considéré comme le reflet de la santé économique du pays, le secteur de la construction concentre, avec celui du commerce, près de la moitié des pertes d’emploi. Ils sont suivis par l’hôtellerie-restauration, qui affiche également une hausse supérieure à 40 %. En Occitanie, seule l’agriculture s’en sort relativement bien, avec un faible accroissement de 1,2 % ; l’élevage enregistre même un très net recul de 25,9 %.
Les disparités géographiques montrent aussi quelques écarts. A l’exception du Lot, où les chiffres refluent très légèrement (d’1 %), tous les départements affichent des hausses plus ou moins marquées, de la Lozère (+ 106 %) aux Pyrénées-Orientales (+ 26 %). En Haute-Garonne, 1160 chefs d’entreprise ont perdu leur emploi, 1119 dans l’Hérault.
Enfin, Les plus petites entreprises, les plus nombreuses, sont aussi les plus vulnérables. Quatre chefs d’entreprise sur cinq ayant perdu leur emploi l’an dernier dirigeaient une structure de moins de trois salariés.
Marie-Dominique Lacour
Sur la photo : Anthony Streicher, président de l’association GSC. Crédits GSC.