« J’ai vraiment le sentiment d’appartenir à une entreprise, sans les contraintes », explique Ludovic, membre du Mercato de l’Emploi. Comme lui, ils sont plus de 550 à avoir rejoint ce réseau de recruteurs indépendants, le plus important en France. À Toulouse, ils se retrouvent régulièrement afin de partager leur expérience : pour la plupart de ces néo-consultants, il s’agit à la fois d’une première aventure entrepreneuriale et d’un métier jusqu’alors inconnu, que chacun façonne selon son appétence. « Certains sont spécialisés, d’autres généralistes... Moi, je cible l’ingénierie du BTP et les métiers de la relation clients », précise Vesna, qui a intégré le réseau en 2023. Outre la formation, le groupe lui fournit support administratif et outils de travail (CRM, ATS, CVthèques…) en échange d’une redevance mensuelle et d’une part sur ses honoraires.
L’indépendance en réseau
Le Mercato, qui ratisse large, se voit comme « un incubateur de talents ». D’autres, au contraire, tiennent à maîtriser leur croissance. Après s’être forgé au métier pendant cinq ans chez Hays, Alban hésitait à se lancer pour « voler de ses propres ailes ». Rejoindre un collectif lui apparaît comme un bon compromis, mais lequel ? « J’ai eu un coup de cœur pour Les Colettes », confie-t-il. Un réseau « resserré » d’une trentaine de recruteurs, triés sur le volet pour aller chasser des cadres et dirigeants. « Que des experts. On ne les forme pas, mais on les accompagne », explique son cofondateur Juliàn Barrier. Pas de droit d’entrée, une redevance réduite, le petit groupe attire grâce à son positionnement sélectif, et ça marche : « Nous sommes peu impactés par la conjoncture car le nombre de postes qualifiés est relativement stable », assure-t-il.
L’indépendance, pas l’isolement. Si le modèle semble réunir le meilleur des deux mondes, quel est l’envers du décor ? Le Baromètre du recrutement freelance 2024 de l’agence Achil pointe des « revenus erratiques » et une forte disparité de chiffres d’affaires. Benoît*, ex-membre d’un collectif, a choisi de revenir à une totale indépendance et nuance l’enthousiasme ambiant : « Seuls les meilleurs s’en sortent, les autres se font exploiter à cause des frais exorbitants. » Quant aux cabinets traditionnels, ils observent d’un oeil distant ces nouveaux arrivants. « Je ne ressens aucune menace. Nous ne sommes jamais en concurrence, sans doute parce qu’ils ciblent les petites entreprises », tranche Mathieu de Redon, directeur régional de Page Group. Malgré les défis actuels, Alban, Ludovic et Vesna restent confiants : « Ce n’est pas toujours facile, mais les opportunités sont là ! », assure cette dernière.
Marie-Dominique Lacour
*(le prénom a été modifié)
Sur la photo : Le Mercato de l’Emploi est le plus gros réseau de recruteurs indépendants en France : depuis le rachat de son concurrent Solinki fin 2024, il compte plus de 550 consultants. Crédit Mercato de l’Emploi.
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