Selon le dernier Baromètre du cabinet Empreinte Humaine, réalisé avec OpinionWay au printemps dernier, 42 % des salariés français se disent en détresse psychologique modérée ou élevée, et 80 % d’entre eux estiment que leur état est partiellement ou totalement lié à leur environnement de travail. En cause : le manque de temps (55 %), l’incapacité à refuser une charge de travail supplémentaire (46 %), l’utilisation d’outils de travail inadaptés (49 %)… mais également le fait de devoir privilégier la quantité à la qualité (50 %) ou le manque de retour sur le travail accompli (50 %).
« Le travail et son organisation ont beaucoup évolué ces dernières années avec une concurrence accrue des marchés, une exigence toujours plus forte des clients, davantage d’attentes des employeurs en matière de polyvalence ou d’autonomie de leurs collaborateurs, qui témoignent eux-mêmes de nouvelles aspirations en termes de reconnaissance ou de sens depuis le Covid… Tout cela induit des rapports au travail très différents et dans certains cas, de la souffrance », observe Eva Scaramuzza, psychologue du travail au sein de Prevaly à Toulouse, service de prévention et de santé au travail.
Des traitements peu efficaces
Une situation préoccupante pour les dirigeants, qui peinent dès lors à recruter, fidéliser, engager et, in fine, performer. Une pression aussi, tout employeur ayant « l’obligation de veiller à la santé physique et psychique de ses salariés et de prendre les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs ». « Les risques psychosociaux (RPS) existent depuis toujours et les chefs d’entreprise s’en préoccupent depuis longtemps, ne serait-ce que parce que la loi leur impose d’identifier ceux auxquels sont exposés leurs salariés et d’actualiser régulièrement leur plan d’actions préventives », rappelle Eva Scaramuzza.
Des démarches nécessaires mais néanmoins insuffisantes. « Ces plans se révèlent plus efficaces lorsqu’ils sont coconstruits avec les différents acteurs des organisations (direction, salariés, managers, comité social et économique, représentants du personnel …) », note la psychologue. Et que les moyens de mener les actions et de les corriger sont déployés. C’est peut-être d’ailleurs là que réside la limite des « traitements » actuels. Moins de 40 % des entreprises accordent en effet du temps à la sensibilisation aux RPS ou possèdent un référent santé mentale. Trop peu pour enrayer l’épidémie.
Pourtant, au travail comme ailleurs, « mieux vaut prévenir que guérir ». Empreinte Humaine estime ainsi que les employés ont 1,4 à 2 fois moins de risques d’avoir des problèmes de santé mentale lorsque des mesures de prévention sont en place.
Ingrid Lemelle
Crédit photo : Hélène Ressayres - ToulEmploi.
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