Régulièrement en bas du classement des enquêtes de salaires, l’Occitanie occupait pourtant la deuxième place de votre Baromètre en 2023… avant de retrouver sa place de « bonne dernière » cette année. Comment l’expliquez-vous ?
Dans la région, le secteur aéronautique donne traditionnellement le tempo des rémunérations, mais c’est au Covid que nous devons cet effet balancier. Après l’arrêt brutal des recrutements, et parfois des licenciements, les entreprises ont dû à nouveau embaucher massivement et donc attirer les candidats, souvent avec difficulté. Le salaire a alors joué un rôle de levier. Aujourd’hui, nous assistons à un retour au calme…
Cette spécificité régionale complexifie-t-elle les recrutements ?
Pas vraiment. Si le salaire constitue la première motivation d’un candidat, il choisit de travailler à Paris ! L’Occitanie parvient à tirer son épingle du jeu grâce à sa qualité de vie, à l’intérêt des missions ou aux perspectives d’évolution proposées par ses entreprises.
Quels sont les secteurs qui tirent néanmoins la croissance régionale (de 1,2 %) cette année ?
L’aéronautique bien sûr, qui pousse tous les métiers de la production et de la supply chain. Tout ce qui relève également des life sciences, c’est-à-dire de l’industrie chimique, pharmaceutique, la santé… Les énergies renouvelables, particulièrement autour de Montpellier, même si le changement de gouvernement suscite des inquiétudes. Et puis le tertiaire, notamment la finance, l’expert-comptable arrivant en tête des hausses de salaire, en Occitanie comme en France.
Le dynamisme d’un secteur, la pénurie d’un profil, l’âge et l’expérience d’un candidat… influencent-ils toujours le niveau de rémunération proposé ?
Certainement. J’évoquais la reprise de l’aéronautique comme moteur des évolutions de salaires. L’expert-comptable est quant à lui un métier en forte tension. Un métier dont les professionnels tentent de redorer l’image depuis quelques années, le salaire étant, là encore, une façon rapide de rendre un poste plus attractif. Côté candidat, la mobilité est toujours le moyen le plus efficace d’obtenir une augmentation. Restent tous ces nouveaux métiers dans le numérique, la cybersécurité, l’IA… Et là, il n’y a clairement aucune règle !
Votre enquête porte sur les salaires proposés entre juillet 2023 et juin 2024, constatez-vous déjà des nouveautés ?
Oui, depuis mai dernier nous observons un ralentissement de la demande. Les entreprises qui ont beaucoup embauché ces dernières années reprennent un peu leur souffle. D’autres se révèlent plus frileuses en raison de la conjoncture mais aussi, je l’ai dit, des incertitudes liées à la mise en place du nouveau gouvernement. Les cadres sont enfin plus réticents à bouger en raison du risque encouru dans ce contexte particulier.
Propos recueillis par Ingrid Lemelle
Crédit photo Hélène Ressayres - ToulEmploi.
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