
Les conclusions du sondage réalisé pour le compte du Midact*, portant sur l’allongement de la vie au travail, doivent être analysées avec nuance. A première vue, un chiffre sans équivoque : près de 53% des salariés interrogés en Midi-Pyrénées voient dans cet allongement une perspective négative alors qu’ils ne sont que 50% en national. Une perception négative qui s’explique principalement par une forte inquiétude autour de l’impact sur la santé de cet allongement. Les populations de travailleurs les plus opposés sont les ouvriers, les professions intermédiaires et le secteur du BTP exposé à la pénibilité du travail ou celui des services, où les salariés sont souvent isolés face à une grande exigence de la clientèle.
La qualité de vie au travail influence la perception
A contrario, les 47% de salariés qui envisagent bien l’allongement de la vie professionnelle s’appuient, selon Gérard Dedieu, directeur du Midact, sur un ressenti positif de leurs conditions actuelles de travail : « Ce sont en général des salariés d’entreprises qui mettent en œuvre des plans de formation, qui font la promotion du travail en équipes, assurent la transmission du savoir entre générations avec un appui important de la hiérarchie. » D’où l’enseignement de l’étude qu’en tire Gérard Dedieu : « Les entreprises ont donc des leviers d’action en interne pour inverser la tendance. En premier lieu, la prévention des risques pour limiter la pénibilité et un gros travail sur la reconnaissance passant en partie par la rémunération mais aussi par des pratiques de management. Un salarié se projettera d’autant plus dans une capacité à travailler longtemps qu’il bénéficiera d’appuis dans le collectif de l’entreprise. » Aéroport de Toulouse-Blagnac, invité à témoigner lors de la conférence, a ainsi expliqué son travail autour de la formation et de la solidarité de la hiérarchie et du collectif face à un public de voyageurs exigeants, source de stress pour leurs salariés.
Cependant, surprise, en regard des 53% de sceptiques face à cet allongement, le sondage fait aussi état de 55% de salariés en Midi-Pyrénées qui estiment que leur situation actuelle est favorable au développement de leurs compétences. « Le tableau n’est donc ni noir, ni rose pour les salariés comme pour les entreprises », conclut Gérard Dedieu. Mais les pistes d’action sont clairement identifiées.
Isabelle Meijers
*Midact : Action régionale pour l’amélioration des conditions de travail en Midi-Pyrénées. Elle est l’une des 26 associations régionales membres de l’Anact (agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail), établissement public créé en 1973, dont l’objectif est de promouvoir dans les entreprises des politiques permettant une amélioration des conditions de travail.