
Le Guide des salaires existe depuis 26 ans, que nous apprend la dernière édition en termes d’évolutions ?
Que les entreprises françaises ont moins misé sur les jeunes diplômés cette année, les rémunérations proposées à l’embauche ayant plutôt stagné. Cette nouvelle édition révèle également que la crise, après avoir affecté durement la rémunération variable des commerciaux, commence à atténuer ses effets. En effet, la plupart des entreprises ont pris le parti de revoir à la hausse les rémunérations fixes et surtout variables de leurs salariés pour récompenser et donc fidéliser cette population très volatile. Enfin les écarts de rémunérations entre les hommes et les femmes perdurent. Ils sont très variables selon les secteurs et les fonctions (de 2% par exemple dans l’informatique, contre 20 à 25% sur les postes de direction), mais ils existent toujours...
Qu’en est-il plus précisément des salaires des fonctions commerciales, cadres et non cadres ?
On assiste depuis quelques années déjà à une individualisation des rémunérations, avec une hausse de la part variable. Or c’est cette part variable qui a particulièrement évolué ces derniers mois. Cela permet aux entreprises de maîtriser les coûts liés à la part fixe de leurs salariés tout en les motivant. Une pratique qui se généralise quelque soient les secteurs d’activité. Ainsi, le salaire médian fixe du commercial sédentaire a-t-il progressé de 5% cette année, et sa part variable de 20%. Le fixe du directeur commercial a quant à lui stagné voire légèrement diminué, mais sa part variable a connu une croissance de 32% ! Reste que l’expertise paye. Les salaires des ingénieurs commerciaux, ingénieurs d’affaires et technico-commerciaux ont tous progressé : + 8% par exemple pour le fixe des technico-commerciaux qui voient leur part variable progresser de 45% en 2012 !
Pour les fonctions techniques aussi, votre guide pointe une augmentation de la part variable, sur quels métiers est-ce le plus sensible et pour quelles raisons les entreprises opèrent-elles désormais de cette manière ?
On observe il est vrai une généralisation de cette politique d’individualisation des rémunérations aux fonctions techniques, la part variable pouvant atteindre 10% de la rémunération globale. Cela s’inscrit dans une logique de reconnaissance des talents, notamment pour les profils qui relèvent de l’amélioration des process et des méthodes. Certains profils spécialisés en ingénierie et en R&D, très recherchés en ce moment, sont également dans une situation favorable pour négocier. La rémunération du fixe d’un ingénieur système a par exemple progressé de 3% cette année, celle de l’ingénieur réseaux de 4%.
Vous placez Languedoc Roussillon et Midi-Pyrénées en tête des régions les plus compétitives en termes de rémunération, même si, vous le soulignez, elles « progressent peu en valeur absolue ». Une information qui contredit les autres études, qui pointent au contraire souvent le retard de Midi-Pyrénées sur ce point ? A quoi attribuez-vous ce leadership ?
Le « Guide des salaires » est traditionnellement très tourné vers l’industrie, lorsque d’autres études tiennent également en compte des secteurs comme les services à la personne. Or l’industrie demeure non seulement un secteur dynamique en Midi-Pyrénées, mais elle emploie également beaucoup de profils spécialisés justement peu impactés par les effets de la crise.
Propos recueillis par Ingrid Lemelle