« En ces temps de crise économique et sociale, l’ESS apparaît comme l’un des espoirs et l’une des ressources pour créer de l’emploi en France », déclare en préambule de la dernière étude consacrée à l’emploi, aux métiers et aux conditions d’emploi du secteur en Midi-Pyrénées, Elvire De Almeida-Loubière. Et la présidente de la Chambre régionale de l’Économie sociale et solidaire (Cress) d’ajouter que les structures « vont faire face à un enjeu fort de renouvellement des postes et de recrutement de salariés, notamment de jeunes ».
Dans les services, mais pas seulement
Le dynamisme du secteur, combiné aux départs massifs à la retraite d’une partie des effectifs, vont certes générer de nombreuses opportunités. A commencer dans les secteurs de la santé, de l’enseignement et du commerce, où plus du tiers des salariés sont concernés. Au total, en Midi-Pyrénées, le nombre de départs à la retraite est ainsi estimé à plus de 34.000 postes à l’horizon 2023. « Ces chiffres ne reflètent pourtant pas encore les embauches massives prévues, car au regard des nouveaux besoins sociaux et du développement des entreprises de l’ESS, de nombreux postes devraient également être créés », souligne l’étude de la Cress. Des emplois à pourvoir en majorité dans les structures associatives. Elles concentrent aujourd’hui 79% des salariés du secteur, 14% évoluant au sein des coopératives, 5% de mutuelles et 2% de fondations, autrement dit les quatre formes juridiques dont relèvent les structures de l’ESS. L’action sociale (près de la moitié des emplois), l’enseignement et les activités financières et d’assurance apparaissent en outre comme les trois premiers secteurs employeurs de l’économie sociale et solidaire en Midi-Pyrénées. Mais le secteur investit plus largement le commerce, l’agriculture, l’industrie et la construction.
Près de 400 métiers représentés
Autant de domaines dans lesquels les postes d’employés sont prépondérants : ils concernent presque la moitié des salariés (44%), soit 13 points de plus que dans le secteur privé hors ESS. « La part élevée des professions intermédiaires est également une spécificité de l’ESS, avec près du tiers des salariés concernés, note la Cress. Les cadres et les ouvriers sont en revanche moins nombreux, ce qui signifie d’une part que l’ESS offre moins de postes à responsabilité, et d’autre part qu’elle investit moins certains secteurs d’activités tels que l’industrie. » Elle couvre un très large panel de métiers (381 dans la région), avec toutefois une concentration dans le secteur de l’action sociale et la santé. Le premier métier est d’ailleurs celui d’aide à domicile, aide ménagère, travailleur familial, soit 13.112 postes. Viennent ensuite ceux d’agent de service hospitalier, d’animateur socioculturel et de loisirs, d’aide-soignant, de secrétaire... D’autres évoluent en revanche quasiment exclusivement dans le secteur. C’est le cas par exemple des directeurs de centre socioculturel et de loisirs et des éducateurs techniques spécialisés, plus de 90% des professionnels travaillant dans l’ESS. Les métiers de la banque sont également très bien placés, ainsi que les métiers de la santé et des arts et spectacles.
71% des salariés en CDI
La Cress a également étudié les emplois sous l’angle des conditions offertes par le secteur. En matière de contrats de travail, l’enquête note par exemple que 70,6% des salariés sont en CDI, 11,1% en CDD et 18,3% ont un « autre contrat ». Une proportion de CDI inférieur donc à celle du privé, sauf dans les structures qui ne sont pas associatives, le taux de CDI étant alors 89%, soit un taux supérieur au privé hors ESS (de 85,7%). Quant à la proportion importante des « autres contrats » (18,3%, contre 6,6% dans le privé), elle est en partie due à la fonction d’insertion professionnelle des acteurs, lesquels signent de nombreux contrats aidés ou de professionnalisation. Concernant le temps de travail, deuxième indicateur de la qualité de l’emploi, la proportion de temps complets est là encore plus faible dans l’ESS que dans le privé, sauf dans les entreprises de l’ESS hors associations, qui affichent un taux moyen de 82%, supérieur de deux points au privé. En termes enfin de rémunération, les salariés perçoivent en Midi-Pyrénées 2.292 euros brut en moyenne par mois, avec là aussi un gap défavorable aux associations. Elles offrent un salaire annuel inférieur de 21% au secteur privé hors ESS, alors que le salaire moyen proposé par les autres entreprises de l’ESS est supérieur de 8% à celui du secteur privé.
Bien que ces critères « objectifs » de la qualité de l’emploi se révèlent moins performants que dans le secteur privé lucratif, la satisfaction des salariés reste plus importante. "L’ESS, ce sont des métiers qui ont du sens, rappelle Elvire De Almeida-Loubière. C’est la raison pour laquelle les enquêtes montrent que la satisfaction au travail est plus importante dans l’ESS qu’ailleurs. " Une piste à explorer donc...
Ingrid Lemelle
Source : Emploi, métiers, conditions d’emploi dans l’Économie Sociale et Solidaire en Midi-Pyrénées – Cress Midi-Pyrénées, décembre 2013.
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Quid des opportunités pour les cadres ?
C’est dans les secteurs des arts et spectacles, de l’enseignement et des activités financières et d’assurance que les cadres sont aujourd’hui les plus présents en Midi-Pyrénées. Selon une étude nationale de l’Apec, les opportunités, elles, se concentrent dans quatre secteurs : la santé et l’action sociale, les organisations associatives, la banque-assurance et la formation. Et plus précisément dans les domaines de la gestion-finance-administration et la santé-social-culture, alors que « les associations et fondations publient une part élevée d’offres en ressources humaines, et les coopératives et mutuelles proposent des postes de commerciaux et marketing », indique l’Apec. A l’exception des coopératives, les employeurs proposent des salaires légèrement inférieurs à ceux de l’ensemble du secteur privé. C’est enfin parmi les plus « gros » acteurs de l’Économie sociale et solidaire que les cadres ont le plus de chance de trouver un emploi. La moitié des offres de l’ESS sont en effet publiées par des structures de plus de 250 salariés.
Source : Le marché de l’emploi cadre dans l’économie sociale et solidaire - Apec, novembre 2013. )]