En France, 15 millions de personnes seraient en situation de précarité mobilité (Baromètre Le Quotidien des Mobilités, Wimoov 2024). Un obstacle supplémentaire à l’insertion sociale et professionnelle, notamment pour les jeunes. Ainsi, selon le baromètre annuel réalisé par OpinionWay pour la fondation Apprentis d’Auteuil, 77 % des jeunes occitans (vs 76 % en France) ont déjà renoncé à une formation ou à un emploi en raison de difficultés de mobilité. Parce qu’ils n’avaient aucune solution de transport accessible et compatible avec leurs horaires, qu’ils n’avaient pas de moyen de transport personnel, ou encore en raison du coût des transports.
Ce problème est particulièrement prégnant dans les territoires ruraux. D’ailleurs, 69 % des jeunes de la région considèrent que le permis de conduire est indispensable pour travailler dans leur zone d’habitation, soit une proportion supérieure de 4 points à la moyenne nationale. Si l’offre de transports en commun est parfois jugée "insuffisante, inadaptée ou défaillante" (pour 28 % des répondants), 19 % rapportent que leur travail nécessite de posséder une voiture, en raison des déplacements fréquents qu’il exige, ou parce qu’ils sont sujets à des horaires décalés. Non sans contraintes financières...
Des freins et des solutions
« Sur les territoires ruraux, l’accès à un mode de transport est le problème n°1 pour l’insertion des jeunes. Du fait de leur faible qualification, le manque d’expérience et de réseau entreprises, les jeunes accueillis par Apprentis d’Auteuil doivent multiplier les démarches pour accéder à un emploi ou à une formation. Sans moyen de transport, c’est très difficile. D’autre part, les employeurs eux-mêmes sont réticents à embaucher un jeune dont ils connaissent les difficultés de transport", rapporte Caroline Vignon, directrice de l’établissement Saint-Louis, à Toulouse. Un frein que la fondation tente de lever en menant différentes actions. "Une des solutions que nous avons testées est de financer une partie du permis de conduire. Le coût restant est à la charge du jeune qui se remobilise pour parvenir à boucler le financement."
Au sein de la maison d’enfants La Providence, dans le Lot, vingt-six scooters sont également prêtés aux jeunes accompagnés afin de les aider notamment dans leur recherche de logement ou d’emploi. Et dans le cadre des dispositifs d’insertion Pro’Pulse et Boost Insertion proposés par le Campus Saint-Lubin, dans le Tarn-et-Garonne, des ateliers mobilité sont proposés, des vélos prêtés et un accompagnement proposé aux jeunes en quête de solutions de financement de permis. Enfin, dans les Pyrénées-Orientales, la fondation va à la rencontre des jeunes isolés dans les vallées de l’Agly et de la Têt à bord d’un minibus aménagé. Autant de "petits pas" pour aider les jeunes occitans à gagner en autonomie et en confiance.
Ingrid Lemelle
Photo : IVAN SVIATKOVSKYI de Pixabay.