En 2020, Alexandre Rey range son Master au placard : huit ans passés sur les bancs de la faculté de droit n’ont pas réussi à lui faire oublier le savoir-faire boucher qui coule dans ses veines depuis trois générations. En 2022, il reprend l’entreprise familiale, la « Boucherie Jean-Pierre », au marché Victor Hugo, à Toulouse. « Jean-Pierre, c’est mon oncle, il est à la retraite maintenant. La boucherie, c’est une histoire de famille : elle a été fondée par mon grand-père André en 1948, mon père et mon oncle lui ont succédé. Moi, j’ai repris en juillet 2022. Après mon baccalauréat, je voulais déjà travailler à la boucherie. Mon père et mon oncle ont refusé, il n’y avait pas la place pour moi car la boutique est vraiment toute petite. Je crois que c’était aussi un prétexte, je pense qu’ils espéraient me voir faire des études, tracer une "meilleure" carrière », raconte Alexandre Rey.
Pris au piège de ses études
« J’ai donc suivi ma copine, aujourd’hui ma femme, en fac de Droit. J’y ai passé huit ans, jusqu’au Master, j’ai fait un stage chez un huissier de justice, j’ai même commencé le barreau. Ça ne m’a jamais vraiment plu mais plus le temps passait, plus je me sentais pris au piège : après tant d’années à apprendre, on se dit que ce serait dommage d’avoir autant investi pour rien. Finalement, en 2020, j’ai arrêté, j’ai compris que ça ne me plairait jamais et j’ai passé mon CAP Boucher, même si je connaissais déjà très bien le boulot. Je ne regrette pas les études, j’ai appris des choses utiles et puis c’est comme ça, peut-être qu’il me fallait ce temps-là. Aujourd’hui, je suis heureux, épanoui, j’aime toutes les facettes de mon métier : rechercher les éleveurs et le meilleur produit, le transformer pour le mettre en valeur, conseiller les clients. C’est très complet, avec une vraie responsabilité vis-à-vis de l’animal et du consommateur. »
Marie-Dominique Lacour
Portrait extrait du dossier "Reconversion : comme une envie de casser la voie", à lire dans ToulEco Le Mag, actuellement en kiosque et sur notre boutique en ligne.
Photographe : Hélène Ressayres