Charlotte Appietto, vous avez créé Pose ta Dem’ en 2018, après avoir vous-même démissionné d’un poste dans le conseil en management, comment vous est venue l’idée ?
De ma propre expérience justement, car je trouvais à l’époque qu’il manquait une communauté de personnes dans la même situation que moi et avec qui j’aurais pu communiquer. Que les média abordaient le sujet souvent sous l’angle de success stories sans jamais évoquer les « coulisses », ou encore qu’il y avait bien le bilan de compétences comme dispositif d’accompagnement, mais pas grand’ chose d’autre. C’est donc à partir de ces constats personnels que j’ai créé l’univers Pose ta Dem’, avec une partie média pour s’informer et passer à l’action, une communauté en ligne qui compte aujourd’hui environ 3000 personnes qui s’entraident dans leurs projets, mais aussi des rendez-vous, des modules de formation gratuits en ligne et deux programmes de formation individuelle.
À qui s’adressent ces deux programmes ?
Parmi les personnes qui aspirent à quitter leur emploi, il y a d’un côté celles qui ne savent absolument pas quoi faire, et celles qui savent, et elles veulent très majoritairement se lancer dans l’entrepreneuriat.
Nous avons donc des parcours qui s’adressent à ces deux cibles : Nouveau départ, qui permet de trouver sa voie et de donner vie à son projet de reconversion, et Monte ta boite, qui les aide à se lancer. Chaque programme s’articule autour de contenus en ligne, de séances de coaching à distance et d’exercices à effectuer, et pour finir, d’une séance de bilan à la fin. Soit 12 heures environ, échelonnées dans le temps. On peut donc les suivre de n’importe où en France, et même de l’étranger, ce qui arrive parfois.
Vous organisez aussi régulièrement des apéros Pose ta Dem’, comme ce fut le cas à Montpellier et Toulouse en début d’année, de quoi s’agit ?
De moments conviviaux qui réunissent des « démissionnaires en devenir » d’une part et d’autre part des personnes qui ont franchi le cap et qui viennent témoigner de leur parcours et de leur changement de vie. Nous allons en organiser trois ou quatre par an dans les deux métropoles de votre région.
Observez-vous un ou plusieurs profils types parmi les personnes qui constituent votre communauté ?
Pas vraiment, nous avons des jeunes comme des retraités, des personnes qui vivent dans des grandes villes et en campagne... Tous sont en revanche en quête de sens et cherchent à être davantage alignés avec ce qu’ils font. Nous observons également que nous avons plus de femmes que d’hommes, qui font sûrement la démarche seuls, alors que les femmes vont plus facilement demander des conseils et de l’aide. Mais c’est aussi certainement lié à ce que nous proposons.
Et en matière de freins, quels sont-ils ?
Ils sont principalement d’ordre financier. La crainte de renoncer à un CDI et donc à une situation confortable, l’incertitude des revenus lorsque le projet est de créer son entreprise... Le regard des autres, la façon dont la décision va être perçue est également un frein. Et puis la démarche nécessite de bien se connaître et de la méthode, dans le cas de la création : des choses qu’on n’apprend pas vraiment à l’école. C’est pour cela que l’accompagnement et la formation sont parfois utiles. Et les échanges et l’entraide entre personnes qui vivent, ou ont vécu l’expérience de changer de vie professionnelle, très précieux.
Propos recueillis par Ingrid Lemelle
Sur la photo : Charlotte Appietto, fondatrice de Pose ta Dem’. Crédit DR.