« OSE inGE », le coup de pouce de l’ISAE pour que les filles et les boursiers n’abandonnent pas en prépa

« OSE inGE » pour « Ose intégrer une Grande École » : le programme développé par l’ISAE-Supaéro ambitionne d’accompagner sur quatre ans 250 élèves de classes préparatoires, filles et/ou boursiers, pour les aider à réussir leur accession aux études supérieures.

« On accompagnait les élèves au lycée puis à l’école mais en prépa, rien. Il y avait un trou dans la raquette », explique Cécile Latournerie, responsable du programme OSE inGE à l’école d’ingénieurs ISAE-Supaéro. « OSE fait référence à un programme d’Ouverture Sociale Etudiante et signifie aussi Ose intégrer une Grande Ecole. Le champ des possibles doit rester ouvert jusqu’au bout », ajoute-t-elle. Via ce système de mentorat déployé l’an dernier, le groupe ambitionne d’accompagner des filles ou des boursiers -souvent les deux à la fois- à réussir ces années charnières. L’élève suivi recevra conseils et encouragements de son mentor, alumni du groupe ISAE.

Cécilia Clavier-Delmas, professeur au Lycée Fermat à Toulouse, coordonne le programme avec l’école. « L’an dernier on avait 15 filles, toutes boursières. La moitié a choisi de poursuivre avec enthousiasme », se réjouit-t-elle. « Ces collaborations avec le supérieur sont très intéressantes. L’aîné rassure, partage son expérience, donne confiance. Et aide à démystifier l’après-prépa : l’un d’entre eux a fait découvrir son site Air France aux mentorées, elles étaient toutes enchantées », se souvient-elle.

Fille ou boursier, « réussir est souvent une question de mental »

La féminisation des filières scientifiques et techniques peine à rattraper son retard. Supaéro compte un quart de jeunes femmes, mais 18% seulement en cycle ingénieur (après prépa). Même constat au Lycée : « On a plus de bachelières que de bacheliers et pourtant les filles sont sous-représentées en classe préparatoire », regrette Cécilia Clavier-Delmas. Un problème de confiance en soi ? « En deuxième année on regroupe les élèves les plus rapides. Quand on propose à une fille de les rejoindre, elle a souvent la même réaction : vous pensez que je vais y arriver ? Les garçons ne se posent pas la question », souligne-t-elle. La professeure constate aussi que les filles qui n’ont pas leur premier choix semblent s’en accommoder plus facilement que leurs camarades masculins, qui privilégient d’étudier une année supplémentaire pour l’obtenir.

En parallèle, l’augmentation générale de la précarité étudiante n’incite pas les boursiers à s’engager dans des études longues et exigeantes. Ils sont actuellement 26% à l’ISAE-Supaéro. « On suit particulièrement les échelons de bourse les plus hauts, ceux des élèves des milieux les plus difficiles. Ils ont tendance à abandonner plus que les autres parce qu’en général ils travaillent, ils ont moins de moyens… Et plus de pression. On veut les aider à tout mener de front », explique Cécile Latournerie.

Prolonger les cordées de la réussite

L’ISAE a mobilisé ses propres ressources pour mettre en place OSE inGE. Il s’inscrit comme un prolongement des « Cordées de la réussite », un autre dispositif, celui-là national et doté de financements publics, pour tutorer des élèves de la quatrième à la terminale. La Cordée ISAE-Supaéro a accompagné près de 1100 élèves depuis 2009. Pour les deux programmes, les bénéficiaires sont identifiés en mixant des critères sociaux et de genre. « Il ne s’agit pas d’un pré-recrutement pour l’école », tient à souligner Cécile Latournerie. « L’idée est de cibler les adolescents qui évoluent dans des environnements où les sciences sont totalement absentes pour leur faire découvrir autrement, leur ouvrir des univers auxquels ils n’ont pas accès », ajoute-t-elle.

Un an de recul a permis quelques ajustements : « Suite à quelques manquements des deux côtés, nous avons mis en place une charte pour formaliser l’engagement mutuel des mentors et des mentorés », explique Julie Devaux, chargée de mission OSE InGe à l’ISAE-Supaero. L’école souhaite aussi renforcer le programme avec un peu de tutorat, « de façon ponctuelle », et tente de faire reconnaître la situation des mentorés dans leurs entreprises, pour ceux qui travaillent. Ose InGE a accompagné 42 élèves en 2022-2023, principalement des filles boursières. Cette année ils seront 84, au sein de six lycées à Toulouse, Rodez et Tarbes, mentorés par des alumnis de Supaéro et de l’ENAC, membre du réseau ISAE qui vient elle aussi de rejoindre le dispositif. L’objectif est désormais d’étendre le programme aux sept autres écoles du groupe.
Marie-Dominique Lacour

Sur la photo : Des étudiants de classe préparatoire lors du stage de découverte du programme OSE-inGE à L’ISAE-Supaero. Crédits groupe ISAE.

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Source : https://www.toulemploi.fr/OSE-inGE-le-coup-de-pouce-de-l-ISAE-pour-que-les-filles-et-les,40083