La santé des salariés d’Airbus est-elle menacée ?

En amont des négociations annuelles qui débuteront ce vendredi 4 avril, au sein du groupe Airbus, le syndicat CGT Airbus 31 a interrogé les salariés du groupe sur leurs conditions de travail, leurs salaires et les évolutions de carrière. Le point sur les résultats.

Philippe Fernin, vous êtes délégué syndical central adjoint de la CGT Airbus 31, pouvez-vous nous rappeler dans quel contexte vous avez été amenés à lancer votre enquête ?
Chaque année, en amont des négociations annuelles obligatoires, la CGT est le seul syndicat qui consulte les salariés d’Airbus pour connaître leurs revendications. Jusqu’à présent, nos questions portaient principalement sur les salaires, mais nous avons souhaité les élargir cette année aux conditions de travail et aux évolutions de carrière, une démarche à laquelle les salariés ont été manifestement sensibles puisque nous avons enregistré quatre fois plus de réponses que d’habitude.

Concernant le registre de l’évolution professionnelle, près d’un salarié interrogé sur deux se déclare insatisfait (à 48%). Comment analysez-vous ce retour ?
Plusieurs facteurs concourent à ce taux d’insatisfaction. Malgré tout ce qui peut être fait, 39% des répondants estiment par exemple que l’inégalité de traitement entre les hommes et les femmes persiste. Un pourcentage qui atteint 58% chez les femmes. La politique menée par le groupe en termes de promotions est également pointée du doigt, 59% des salariés estimant qu’elle ne se fait pas en toute équité, que le réseau, l’appartenance à un syndicat... pèsent davantage que les compétences.

Près d’un salarié sur trois se déclare également inquiet pour sa santé, est-ce que cela vous a surpris ?
Effectivement on ne s’attendait pas à une telle proportion, d’autant que le taux atteint 55% chez les ouvriers. L’utilisation du carbone (générateur de poussières) dans les nouveaux programmes tel que l’A350, peut être à l’origine de cette inquiétude, mais nous n’avons pas de certitudes. Nous espérons toutefois qu’au regard de ces résultats, une négociation spécifique à la santé au travail sera prochainement ouverte.

Reste le volet conditions de travail, or sur ce point, votre enquête témoigne d’une très large satisfaction, notamment en matière de reconnaissance ou d’intérêt pour le travail réalisé ?
C’est vrai, 90% des répondants se déclarent satisfaits de leur travail, 83% de leurs horaires, 74% se sentent estimées et respectés... Sur le plan de la rémunération, il est en revanche moins surprenant de voir que seuls 55% des répondants se déclarent satisfaits de leur salaire et de la politique salariale du groupe, car au regard des résultats exceptionnels et des dividendes versées, nombreux s’attendaient à une augmentation supérieure à celle qui a été attribuée. De plus, Airbus privilégie les augmentations individuelles alors que 91% des salariés plaident pour une augmentation pour tous.

Qu’espérez-vous des négociations qui débuteront ce vendredi 4 avril ?
Nous allons évidemment faire remonter les revendications des salariés et les résultats de l’enquête, et surtout faire des propositions très concrètes afin de faire évoluer positivement les choses, tant en matière d’évolution professionnelle que de santé, de prévention des risques psycho-sociaux et bien sûr de salaire. On verra...
Propos recueillis par Ingrid Lemelle

Sur la photo : Philippe Fernin, délégué syndical central adjoint de la CGT Airbus 31. DR.

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Source : https://www.toulemploi.fr/La-sante-des-salaries-d-Airbus-est-elle-menacee,13276