Et si les jeunes migrants étaient une solution à certaines difficultés de recrutement ?

Dans le cadre du programme de coopération Poctefa, financé à 65% par le Fonds européen de développement régional (Feder), les institutions catalanes et françaises de la formation professionnelle et de l’aide sociale à l’enfance ont décidé de collaborer pour améliorer l’inclusion des jeunes étrangers seuls : les mineurs non accompagnés (MNA). Retour sur une expérimentation réussie.

Graziella Filoni, vous êtes la directrice de l’association des Chambres de métiers et de l’artisanat des Pyrénées et coordinatrice du Projet Avenir. Pouvez-vous nous présenter ce projet ?
Il s’agit d’un projet de coopération entre plusieurs partenaires des territoires des Pyrénées françaises et catalanes, visant à créer les conditions d’une installation pérenne d’étrangers mineurs non accompagnés en milieux montagnard et rural. Nous avons ainsi mené différentes actions pendant trois ans. Coté Catalan, ils ont souhaité créer un foyer d’accueil de jeunes migrants et mis en place un programme d’accueil global, tandis que coté français, nous avons davantage travaillé les conditions d’intégration des jeunes dans les entreprises, comme les territoires. L’objectif étant de les inciter à rester.

Concrètement, qu’avez-vous fait ?
Nos centres de formation aux métiers de l’artisanat accueillent et forment déjà depuis longtemps des jeunes exilés. Le problème, c’est que très souvent, ils partent pour des villes plus importantes dès lors qu’ils ont terminé leur formation. Nous avons donc mis l’accent sur l’apprentissage du français, qui reste le principal socle d’inclusion de ces jeunes, et la découverte des activités de la montagne (ski, raquettes...), activités qu’ils méconnaissent pour la plupart. Nous avons par ailleurs mené des actions de sensibilisation à l’intégration et au management interculturel auprès des entreprises. Et ce projet nous a donné l’occasion de renforcer nos relations avec les services départementaux de l’aide à l’enfance, en responsabilité de ces jeunes mineurs.

Quel bilan en tirez-vous ?
Positif même si trois ans, ce n’est pas suffisant pour juger véritablement de l’impact. Nous avons quoi qu’il en soit semé une graine, et cette bienveillance plus appuyée dont on pu bénéficier la centaine de jeunes accueillis dans les CFA de Rivesaltes, Foix, Tarbes et Muret, ainsi que la quinzaine de jeunes du foyer de Tremp (huit ont déjà trouvé un emploi), restera certainement une expérience positive pour eux. Nous aimerions consolider nos actions en postulant au prochain appel à projets Poctefa, prévu fin 2022 / début 2023, d’autant que les entreprises sont elles aussi très enthousiastes.

Pour quelles raisons ?
Ces jeunes ont parfois vécu des choses terribles avant d’arriver en France ou en Espagne, et l’opportunité de se former et de trouver un travail représente bien sûr un vrai enjeu... C’est vital pour eux, et les employeurs nous rapportent souvent qu’ils sont plus attentifs, plus assidus, plus motivés... D’ailleurs, la plupart des entreprises qui forment ces jeunes leur proposent ensuite en CDI. Il y a une véritable relation qui se noue...
Propos recueillis par Ingrid Lemelle

Sur la photo : Les jeunes ont pu découvrir différentes activités ludiques de montagne. DR.

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Source : https://www.toulemploi.fr/Et-si-les-jeunes-migrants-etaient-une-solution-a-certaines,34856