printemps 2022, Maël passe tout naturellement les entretiens. Avec succès. Depuis juillet dernier, elle évolue au sein du service financier du géant français des cosmétiques. Pour elle, « l’alternance est un atout. » Elle a choisi cette formule en Master 2 « pour sa dimension professionnalisante, pour aller plus loin et plus vite après le diplôme », mais aussi pour confirmer que son choix de spécialité, la finance, était le bon.
Jusqu’à présent, c’est le cas. Le poste correspond à ce qui lui avait été présenté et L’Oréal prend soin de ses alternants. « Ils respectent vraiment mon temps d’études, je ne suis jamais sollicitée pendant mes cours », affirme Maël, qui retourne à Montpellier une semaine sur quatre, comme presque tous les étudiants de sa promotion. L’alternance est largement plébiscitée chez MBS, qui propose cette option dans tous ses Masters et spécialisations. Seul bémol, en entreprise loin de son école, et avec les temps de transports parisiens en prime, « l’équilibre est dur à trouver ». Les cours demandent de s’investir. « Même si l’alternance est nettement plus intéressante financièrement que mon année de césure, le rythme est aussi beaucoup plus intense », confie la jeune femme.
Tout reste à prouver
Maël n’est pas inquiète pour son avenir. À terme, elle aimerait poursuivre dans le groupe, mais L’Oréal embauche au cas par cas et Maël reste vigilante et suit assidûment ses cours. « La finance, c’est différent dans chaque entreprise. Si je ne continue pas ici, quelle qu’en soit la raison, je ne veux pas me retrouver le bec dans l’eau. »
Dans le microcosme de l’entreprise, la jeune étudiante se sent considérée « comme une salariée lambda », malgré ses absences scolaires. Du moins, la différence de contrat ne se fait pas sentir. Mais la différence d’âge… Chaque jour, Maël fait les frais des préjugés liés à sa jeunesse. « Si je pars à 17h30, je lis dans certains regards désapprobateurs que ma génération est fainéante, que tout nous est tombé tout cuit dans le bec et qu’on n’a pas le sens de l’engagement au travail », regrette-t-elle. « Il y a sûrement du vrai. C’est sûr, je n’ai pas envie de me tuer à la tâche, mais ça n’a rien à voir avec l’implication ou la motivation, je me donne à fond et mon boulot est fait, bien fait. » Une attitude trop confiante peut aussi déranger. Difficile de s’intégrer rapidement dans un univers qui a ses codes, de montrer qu’on est là quand on n’a pas encore fait ses preuves... « Au fond, conclut la jeune femme, je crois que notre génération a peur d’être invisible ».
Marie-Dominique Lacour
Photo DR.
Cet article est tiré d’un dossier consacré à l’alternance (conseils et témoignages), paru dans notre hors-série annuel « Les meilleures formations en Occitanie », actuellement en kiosque et sur notre boutique en ligne.