Obtenir un CAP d’électricien à 59 ans après avoir exercé comme directeur régional chez Hertz et encadré jusqu’à 100 personnes ? Pourquoi pas, quand trois années de recherche d’emploi au rythme de quinze candidatures par mois se soldent par des rejets. Surtout une belle façon de battre en brèche le cliché du senior inadaptable. Michel Sarrazin est licencié début 2009, à l’âge de 56 ans, après 35 ans de carrière chez Hertz. En cause, la crise qui pointe en 2008 et pousse le loueur américain de véhicules à réduire le nombre de pôles régionaux en France, de huit à trois. Michel Sarrazin était alors directeur régional de l’activité matériel de chantier, responsable de douze agences dans le Sud-Ouest. En dix années à cette fonction, il a développé le réseau Hertz par rachats d’entreprises, créé un véritable réseau et triplé l’activité.
Une carrière crescendo à des postes de management
Après un BEP de comptabilité et un passage éclair dans une banque comme aide comptable, Michel Sarrazin débute en 1975 chez Hertz au poste de commercial à la gare de Bordeaux, devient vite chef de secteur des agences de Bordeaux et Agen avant une promotion de haut niveau. « En 1984, je suis devenu directeur de l’agence de l’aéroport de Nice, la plus grosse agence de France en chiffre d’affaires à l’époque. Il fallait gérer l’entrée et la sortie de 350 voitures par jour pour un parking de 40 places. L’organisation était très tendue. Aucun de mes prédécesseurs n’avait duré plus de six mois », explique-t-il. Il tiendra six ans, gérera bon nombre de mouvements sociaux, encadrera 70 personnes, mécaniciens, préparateurs de voitures, chefs d’atelier ou chefs d’agence. En 1989, il devient responsable du développement de la branche véhicules utilitaires en Ile de France. Son objectif, doubler l’activité le plus vite possible. En un an, c’est fait. Promu directeur régional pour le Sud-Ouest, il développe le chiffre d’affaires de 30% en cinq ans avant d’occuper le poste de directeur régional de matériel de chantier en 1998, et le coup d’arrêt dix ans plus tard.
Devenir artisan électricien par reprise ou création
« L’inactivité m’a tout de suite pesé. Comme j’ai toujours aimé le bricolage, j’ai alors entamé un petit projet immobilier de réfection d’une maison dans le Médoc en vue d’une location. C’était aussi une manière de me donner des perspectives », raconte-t-il. Dans cette période creuse de recherche d’emploi, le RED* lui donne un second souffle. Aménager son CV, se préparer aux entretiens, rencontrer directement les responsables RH plutôt que des cabinets extérieurs…Des progrès mais toujours pas de résultats. Aux grands maux, les grands remèdes. La rénovation de sa maison lui donne l’envie de demander une formation de CAP électricien. Grâce à l’ADRAR**, il entame six mois d’un programme diplômant qui s’achèvera fin février 2013. « J’ai déjà décroché deux stages de trois semaines en entreprise. Mais je souhaiterais valider mes compétences par une période salariée avant de générer mon propre emploi par la création directe ou la reprise d’une société artisanale », explique-t-il. « Évidemment, mes prétentions salariales n’ont rien à voir avec celles de ma précédente carrière mais l’essentiel pour moi est de retrouver une activité qui me plaît et je ne connais pas d’électriciens malheureux », plaisante-t-il.
Alors, les plus de 50 ans, sans initiatives, exigeants au niveau salarial, peu flexibles, réfractaires au changement, sans autonomie ?… Rencontrez Michel !
Isabelle Meijers
*RED : Réseau emploi durable
**ADRAR : Formation professionnelle en Midi-Pyrénées
Le profil de Michel Sarrazin vous intéresse ? Contactez-le par mail à : sarrazingetm@neuf.fr