Herbert Guedegbe, vous êtes le directeur général de la filiale LFB Biomanufacturing et du site d’Alès. En quoi consiste votre projet d’extension ?
C’est une augmentation capacitaire. Pour la culture cellulaire, nous utilisons des bioréacteurs, sortes de grandes cuves dans laquelle sont placées des poches à usage unique. A ce jour nous sommes limités à 1000 litres. Nous allons acheter deux « trains », c’est-à-dire deux nouveaux bioréacteurs de 2000 litres accompagnés d’appareils plus petits. En parallèle, nous allons construire 2500 m2 supplémentaires pour étendre les espaces de stockage : il nous faudra plus de matières premières, de consommables, de plus grands espaces pour la préparation des tampons et milieux et pour le contrôle qualité. Les travaux démarreront début 2024.
Vous annoncez une cinquantaine de recrutements d’ici 2026, pour accompagner ce développement. Quels profils recherchez-vous, à quelle échéance ?
Nous allons embaucher divers profils liés à notre activité, techniciens de production et d’analyses, ingénieurs process, scientifiques, mais nous cherchons également des commerciaux, analystes, contrôleurs qualité, chefs de projet.... Certains postes sont déjà ouverts. Parmi nos 75 salariés actuels, il y a des docteurs très spécialisés, par exemple en biologie cellulaire ou chimie organique mais aussi des profils généralistes de type métrologie ou maintenance, que l’on retrouve dans toutes les industries. Comme notre cœur de métier est très spécifique, nous misons beaucoup sur l’alternance à tout niveau de poste. Nous travaillons à développer des partenariats avec des BTS et des Masters, notamment dans les filières de la biologie et des biotechnologies.
Quels sont vos atouts pour attirer les candidatures ?
Malgré ses 2600 salariés, LFB reste à taille humaine : quand on cherche un dossier, on arrive encore à savoir qui l’a vu en dernier ! Nous avons des valeurs d’entreprise fortes, en premier lieu desquelles l’intégrité. Ce que l’on avance en entretien d’embauche correspond vraiment à la réalité du poste proposé. Mais la raison majeure pour laquelle les gens viennent et restent, c’est notre raison d’être : nous produisons des traitements pour des pathologies souvent rares et très graves comme les cancers ou l’hémophilie et nous sommes les seuls en France à produire certaines matières actives. Si on arrête, très concrètement des patients peuvent mourir. En termes d’impact, du sens que l’on donne au travail, c’est très fort.
Vous êtes lauréats France 2030 et allez bénéficier d’une aide financière pour ce développement. Pourquoi l’Etat soutient-il votre projet ?
Parce qu’il s’agit d’un double enjeu majeur de souveraineté sanitaire et industrielle. Nous avons au LFB une mission de santé publique, d’ailleurs l’Etat est notre unique actionnaire. Nos médicaments à base de plasma sanguin sont beaucoup utilisés en oncologie ; or, la demande est très forte, le vieillissement de la population s’accélère. Le marché des anticorps monoclonaux est en boom depuis des années. Nous voulons répondre à la demande des startups et biotechs qui vont produire à l’étranger faute de capacités suffisantes en France : 95% des biomédicaments utilisés en France sont fabriqués à l’étranger. En outre, implantée depuis 27 ans à Alès, LFB Biomanufacturing est un acteur important du territoire avec un impact socio-économique évident. Pour toutes ces raisons, l’Etat via la BPI nous soutiendra jusqu’à 6,7 millions d’euros, soit environ un tiers du coût total de l’investissement.
Propos recueillis par Marie-Dominique Lacour
Crédits photo LFB.