Selon l’étude GenderScan 2019 du cabinet Global Contact, les femmes représentent moins de 10% des créateurs de start-up du numérique. Vous avez lancé, avec votre associée Manon Le Padellec, Izidore en 2018. Votre genre a-t-il été un frein à cette création ?
Pour être honnête, pas vraiment car il existe aujourd’hui beaucoup de dispositifs de discrimination positive dans l’accès au financement. Nous avons été par exemple lauréates en 2019 d’un concours « Be a Boss » réservé aux femmes porteuses de projets. À la clé, nous avons gagné 30.000 euros d’espaces media offerts. Nous n’avons pas été victimes de discrimination ouverte. En réalité, le phénomène est souvent plus sournois.
Que voulez-vous dire ?
Lors de notre recherche de fonds (Ndlr : Izidore a levé 400.000 euros en 2019), nous avons dû présenter notre projet à des investisseurs masculins. Et nous avons entendu des mots comme « Les filles » ou « Les nanas ». Dirait-on à deux hommes fondateurs de start-up en costume-cravate « Les gars » ? La confiance accordée à des créateurs masculins aurait-elle été plus grande ? Difficile de répondre avec certitude à cette question.
Pourquoi avoir choisi la création d’une entreprise de la tech ?
Manon et moi-même sommes issues d’une école de commerce donc sans formation technologique particulière. Mais il se trouve que nous avons voulu résoudre un problème, celui de la seconde vie de meubles et d’objets quand on vide un appartement pour quelque raison que ce soit, déménagement, changement de lieu d’études, etc. Nous voulions donner un sens à notre innovation, qu’elle soit au service des gens. L’aspect écologique de prolongation de la vie des produits, de diminution de l’empreinte carbone, des déchets était déterminant. Et la réponse fut technologique par la création d’une plateforme de mise en relation vendeurs-acheteurs. Nous avons donc embauché deux développeurs, dont un directeur technique, pour la mise en œuvre du site.
Veillez-vous à la parité dans votre équipe ?
Nous sommes aujourd’hui six à Izidore, deux hommes et quatre femmes. Donc, pour la suite de nos recrutements, entre un homme et une femme à compétence égale, j’embaucherai toujours la personne qui rééquilibrera la parité car je suis convaincue qu’une équipe plus homogène est plus facile à gérer et plus efficace.
Quelles sont les qualités essentielles pour entreprendre ? Sont-elles plus ou moins féminines selon vous ?
L’entrepreneuriat est une course de fond. Il faut donc beaucoup de motivation et de détermination. Des traits de caractère qui me paraissent assez féminins. Les femmes vont naturellement au-delà des difficultés premières car, même si l’évolution des mœurs va plutôt dans le bon sens, on les éduque encore pour être des mères. Et la maternité vous apprend à surmonter les obstacles de la vie.
Propos recueillis par Isabelle Meijers
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