Un tiers des 1700 archéologues de l’Institut national de recherches archéologiques préventives [1] pourrait faire valoir ses droits à retraite d’ici 2030. Pour s’y préparer, l’Institut prévoit 200 recrutements en CDI sur l’année 2022-2023, dont 24 en Occitanie [2]. Trois profils sont recherchés : responsable d’opération généraliste ou lié à une période spécifique (antiquité, moyen-âge, protohistoire…), technicien et spécialiste, tel que géomorphologue (étude de l’histoire des sols), archéozoologue (vestiges d’animaux) ou encore carpologue (graines et fruits).
L’Inrap, plus gros employeur d’archéologues en France
Dans le secteur public, l’Inrap reste le plus gros employeur devant les collectivités territoriales et les services de la Drac (Direction régionale des affaires culturelles). Guillaume Verrier, archéologue, céramologue et spécialiste de la période gauloise, y a fait ses premières armes avant de rejoindre en 2009 la société privée Archeodunum. Puis, en 2017, il intègre la cellule archéologie de Toulouse Métropole, qui compte six permanents.
Employeur public ou privé, chacun ses avantages en termes de statut et salaire. « Au sein d’une collectivité territoriale, on bénéficie d’une relative sédentarité ; en plus de favoriser la vie personnelle, cela amène à développer son expertise autour d’un seul « terroir » et de le comprendre en profondeur », explique Guillaume Verrier. Autre différence, les diagnostics (en amont des fouilles), sont réservés aux seuls acteurs publics. « Lors d’un premier sondage, on ne sait jamais sur quoi on va tomber, ce qui permet de s’ouvrir à d’autres spécialités. Pendant une fouille, il y a moins de surprises mais certains préfèrent, car on évite aussi les déceptions ! »
Transmettre et intéresser le public
Gare à celui qui s’imagine chasseur de trésor, il pourrait vite être déçu : « on passe quand même l’essentiel de notre temps à fouiller dans des trous et à trouver des restes de poubelles… », s’amuse le céramologue toulousain. « Ce qui est passionnant, c’est de comprendre la manière dont l’homme s’est intégré dans son environnement et l’a modifié. En reconstituant la vie des habitants passés, on tente de comprendre le monde qui nous entoure. Et la finalité, c’est de restituer cette connaissance aux gens du présent. »
Pour l’expert, les études du passé font écho à des problématiques très contemporaines : « si on prend l’exemple des invasions barbares - de grandes migrations, parfois brutales mais souvent progressives et pacifiques - on peut faire un parallèle avec les mouvements de population actuels. Ou encore l’environnement : l’appauvrissement des sols par la surexploitation agricole, la déforestation… tout cela posait déjà problème à l’époque romaine ! L’archéologie permet d’apporter un éclairage sur des questions écologiques, sociétales, économiques et même religieuses. Les traces de ces transitions sont juste sous nos pieds. »
Comment devient-on archéologue ?
Le parcours universitaire – généralement double cursus en archéologie et histoire de l’art - est proposé par les principales facultés de la région (Toulouse, Montpellier, Perpignan) jusqu’au grade de master voire au doctorat. « De grandes écoles comme celle du Louvre ou l’Institut national du patrimoine permettent également d’accéder au métier », précise Catherine Ultrera, directrice interrégionale Midi-Méditerranée de l’Inrap.
Pour engranger l’expérience de terrain, souvent préalable à l’embauche, les stages sont une bonne option : facilement accessibles l’été via les fouilles programmées, ils permettent aussi aux étudiants de commencer leur spécialisation. « Le parcours peut sembler ardu », note Catherine Ultrera, « Mais il faut nuancer : depuis 2021, on observe une hausse très importante de l’activité de prescription, diagnostic comme fouilles, et les embauches se multiplient. Au démarrage, comme dans beaucoup de métiers, ceux qui sont mobiles auront plus d’opportunités. »
Marie-Dominique Lacour
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Sur la photo : un chantier de fouilles à Montpellier - Crédit Charlotte Gleize.
Notes
[1] L’Inrap, établissement public sous tutelle des ministères de la Culture et de la Recherche, réalise chaque année 1800 diagnostics archéologiques et plus de 200 fouilles. Il est le plus grand opérateur de recherche archéologique européen, avec 2 200 agents, répartis dans huit directions régionales et interrégionales, 42 centres de recherche et le siège à Paris.
[2] Détails des recrutements en Occitanie : onze besoins sont recensés à Nîmes, cinq à Saint-Estève (Perpignan), quatre à Saint-Orens (Toulouse), trois à Béziers et un à Montauban.