261.810 recrutements sont prévus cette année en Occitanie, selon les résultats de l’enquête annuelle Besoins en main-d’œuvre des entreprises de France Travail (ex-Pôle emploi). Une enquête à laquelle ont répondu plus de 42.000 entreprises, parmi lesquelles seules 28 % envisagent de recruter, faisant fléchir les intentions d’embauche de 6,5 % sur un an. Une tendance nette, meilleure toutefois que la moyenne enregistrée au national (de - 8,5 %). « La conjoncture économique se traduit dans les résultats de l’étude », constate simplement Pierre Brossier, responsable de l’Observatoire des territoires et des statistiques pour France Travail Occitanie.
Pour preuve, la proportion de projets « durables », en CDI ou CDD de plus six mois, connaît une baisse drastique : 51% cette année, contre 71% en 2023. En outre, France Travail relève une augmentation significative des contrats inférieurs à un mois, « ce qui montre bien le manque de visibilité des employeurs », souligne le « Monsieur chiffres » de la direction régionale. A noter également que la moitié des projets de recrutement émane des structures de moins de dix salariés.
La construction à la peine
Aucun secteur d’activité n’est épargné par la diminution des intentions d’embauches. En première ligne la construction, qui connaissait l’an dernier la meilleure dynamique, enregistre désormais le plus fort recul : de 19,8 %, soit 4310 projets de moins qu’en 2023. Elle est suivie de près par l’agriculture et le commerce, eux aussi dans la tourmente avec respectivement 4570 (- 11,1 %) et 4270 intentions de moins (- 12,6 %). A l’inverse, les services aux entreprises ne reculent que de 3,5% et le volume de projets dans le secteur des services aux particuliers reste quasiment stable.
Néanmoins, la pénurie de candidats se fait toujours sentir, même dans les secteurs les plus impactés. Ainsi, les maçons apparaissent comme le troisième métier le plus difficile à recruter, après les mécaniciens et les auxiliaires de vie, et juste avant les techniciens informatiques. « Globalement les problèmes s’amenuisent mais 53 % des recrutements sont encore jugés complexes par les recruteurs occitans, ce qui reste très supérieur à 2019, année de référence », constate Pierre Brossier.
Où l’on reparle des soft-skills
Après « le manque de CV reçus », l’inadéquation des profils est la deuxième raison invoquée par les entreprises qui peinent à recruter. Elles regrettent le manque d’expérience ou de compétences du candidat et, plus surprenant, déplorent tout autant son manque de motivation. « Huit entreprises sur dix nous ont dit l’avoir ressenti lors de l’entretien. On voit bien que le savoir-être prend toujours plus d’importance », constate Pierre Brossier, qui note aussi que « la concurrence entre entreprises est exacerbée par la conjoncture ».
Pour rivaliser, les entreprises doivent s’adapter. En premier lieu, améliorer leurs conditions de travail : « Les entreprises qui recrutent facilement sont d’abord celles qui savent conserver leurs collaborateurs », souligne Pierre Brossier. Ensuite, arrêter de chercher le "mouton à cinq pattes" et s’ouvrir à des profils qui ne cochent pas toutes les cases. « Les périodes de mises en situation professionnelle fonctionnent très bien. Journée d’immersion, CDD d’usage quand c’est possible, stages, dispositif POEI… Cela permet de lever les aprioris de part et d’autre. L’attachement du candidat à l’entreprise se créé plus vite et plus fort », conclut l’expert.
L’an dernier, 80 % des entreprises ont recruté ce qu’elles avaient annoncé, et plus des trois quarts ont embauché d’avantage que prévu.
Marie-Dominique Lacour
Sur la photo : Christophe Carol, directeur régional adjoint, et Pierre Brossier, responsable des statistiques de France Travail Occitanie. Crédits M-D.L. - ToulEmploi.