Agnès Gaigneux, vous êtes en charge d’Egalitère, d’où vient ce dispositif de mentorat au féminin ?
La coopérative Egalitère travaille autour de l’égalité professionnelle et de l’entrepreneuriat au féminin depuis plus de vingt ans. Nous accompagnons des femmes vers l’autonomie, en constatant que les choses évoluent peu. Les femmes ont encore et toujours une réticence par rapport à l’entrepreneuriat et manquent d’exemplarité positive de femmes qui ont réussi dans l’aventure. Fort de ce constat, du manque de dispositifs post création d’entreprise, et fort également de la réussite de notre réseau de cheffes d’entreprises, lancé en 2010, nous avons commencé à réfléchir. Nous nous sommes finalement rapprochés d’un système de marrainage qui existait à Lille, porté par Initiative plurielle, qui nous a proposé un transfert de savoir-faire. Enfin, le Mouves, Mouvement des entrepreneurs sociaux, nous a convaincu que ce serait intéressant de l’expérimenter dans le secteur de l’économie sociale et solidaire où il y a beaucoup moins de « porteuses » de projets.
Quand l’expérience a-t-elle débuté ?
En juin 2014, avec cinq binômes filleules/marraines. Ces binômes se sont réellement choisis à partir d’une rencontre collective, animée par un coach. Ensuite elles ont décidé ensemble de la fréquence des rencontres, fixées au minimum tous les mois et demi, sous la forme de rencontre : de visu ou téléphonique.
Qu’apporte la marraine à sa filleule ?
Le marrainage est une relation dans laquelle l’entrepreneure confirmée, marraine, investit son temps et partage ses connaissances, son expérience, voire ses réseaux, avec une personne moins expérimentée, la créatrice d’entreprise novice. Celle-ci souhaite tirer profit de cet échange et est disposée à le faire. L’entraide, le partage et la sollicitude caractérisent la relation. L’objectif n’est pas un accompagnement technique du projet, mais un accompagnement lié au savoir-être de l’entrepreneure.
Quels sont les retours au bout de huit mois ?
C’est un peu tôt pour faire un bilan, mais je pense à deux exemples qui prouvent l’intérêt de ces inspirations croisées. Une jeune femme, qui a monté un projet de commerce équitable avec l’Asie, avait des difficultés de positionnement. Elle a vu régulièrement sa marraine. Je ne sais pas quelle est la part du mentorat dans tout ça, mais la jeune femme que nous accompagnons au sein d’Egalitère, a repositionné son projet pour qu’il fonctionne mieux.
Il y aussi cette autre jeune femme, créatrice d’objets à partir de matériaux récupérés, qui se sentait fragile. Sa marraine n’est pas dans son secteur, puisqu’elle dirige un gros centre d’hébergement d’urgence pour femmes victimes de violence. Mais la posture de cette femme a probablement inspirée la filleule, car la dernière fois que nous l’avons vu, elle avait envie d’aller de l’avant.
Propos recueillis par Aurélie de Varax.
Sur la photo : Agnès Gaigneux en charge du dispositif chez Egalitère. Photo Kevin Figuier.
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