Nicolas Mas, sans la carrière sportive qu’on vous connaît, qu’auriez-vous fait ?
Maçon, probablement, comme mon père. J’ai un CAP et un BEP de maçonnerie. À 19 ans, je suis devenu semi-pro à l’USAP : pendant deux ans, je travaillais sur les chantiers la journée, j’allais faire de la musculation à midi et le soir, je m’entraînais avec l’équipe. Je dormais bien !
Et quand vous êtes devenu pro ?
J’ai arrêté de travailler en semaine mais je continuais les jours de repos. J’ai toujours voulu rester au contact de la vie normale parce que je n’ai jamais vu le rugby comme un vrai métier, même si ça a été le mien pendant des années.
Après les années rugby, vous êtes retourné à la maçonnerie ?
Non, jamais. En 2009, quand mon père a pris sa retraite, je ne pouvais pas reprendre l’entreprise et ensuite, j’ai réalisé que je n’avais pas envie de revenir dans ce milieu, que ce que j’aimais, au fond, c’était passer du temps avec lui.
Vous vous êtes alors tourné vers la mécanique.
Les voitures anciennes, c’est ma passion. À 18 ans j’ai acheté ma première Coccinelle, celle que j’utilise encore tous les jours. Quand je l’emmenais au garage, je blaguais avec le patron en lui disant qu’un jour je serai peut-être son alternant... La tête qu’il a fait le jour où je suis venu postuler ! Il m’a pris, heureusement. J’y suis toujours et j’y suis bien !
L’apprentissage s’est bien passé ?
Au CFA, c’était un peu spécial, ils étaient tous très jeunes, 16-17 ans… J’en avais 35, mais ça ne m’a pas gêné. C’était vraiment un nouveau départ pour moi, j’avais énormément profité de ma première carrière, j’étais déterminé à faire les choses à fond pour la deuxième.
Beaucoup d’anciens joueurs restent dans le monde du rugby. Pourquoi pas vous ?
Je n’ai jamais voulu être entraîneur, je voulais passer complètement à autre chose. Après ma reconversion, je n’allais même plus au stade.
Quel message voudriez-vous passer aux jeunes, sportifs ou non ?
L’important est d’être heureux d’aller au travail. Et ne pas oublier que la vraie vie, ce n’est ni le sport, ni les réseaux sociaux.
Aucun regret ?
Non. Aujourd’hui, je suis épanoui, j’aime ce que je fais. J’ai une femme et trois enfants qui m’ont patiemment attendu pendant toute ma carrière, je suis heureux d’avoir du temps à leur rendre. Grâce à eux, je retourne même au stade où je suis comme n’importe quel heureux papa, supporter en tribunes !
Propos recueillis par Marie-Dominique Lacour
Interview extraite du dossier « Reconversion : comme une envie de casser la voie », à lire dans ToulEco Le Mag, actuellement en kiosque et sur notre boutique en ligne.
Crédit photo DR.