Emmanuel Cléro, qu’est-ce qu’une MFR, Maison familiale rurale ?
C’est un centre de formation par alternance pour favoriser l’insertion sociale et professionnelle des jeunes. Le mouvement des MFR est né dans le Sud-Ouest, dans le Lot et Garonne, dans les années trente, de la conjonction des besoins de former en agriculture et de la lutte contre l’isolement rurale.
Quelle est votre spécificité ?
Une MFR a trois caractéristiques majeures : tout d’abord l’alternance comme moyen pédagogique, avec une immersion à 50% du temps en entreprise. Ensuite, l’apprentissage des compétences, mais aussi des savoir-être : dans l’école, il y a toujours un internat et la dimension collective est privilégiée également dans les relations avec le maitre d’apprentissage et avec les familles. Enfin, les écoles sont sous la responsabilité d’une association dont les membres sont les parents qui veulent le meilleur pour l’éducation et l’avenir de leurs enfants.
Qui sont les jeunes accueillis ?
Des jeunes pour qui l’école classique n’a plus de sens. Ils ne s’y retrouvent pas. Ils sont en échec et ne parviennent pas à développer leur potentiel. Ils ont besoin de passer par le concret, le terrain. C’est ce que leur apporte l’alternance, et ils ont besoin également d’un accompagnement privilégié. C’est le rôle des maitres de stage, de nos formateurs et des équipes.
Y a t-il des structures similaires sur le territoire ?
Nous pensons apporter quelque chose d’assez unique. Nous sommes les seuls en France à pouvoir accueillir des jeunes dès quatorze ans, en leur proposant une scolarité qui comprend, pour moitié, des stages dans des entreprises ou une structure socio-professionnelle. Chaque année nous accompagnons mille neuf cent jeunes, des élèves sous statut scolaire, mais aussi des apprentis et des étudiants, puisque nous les accueillons de la 4ème et jusqu’à la Licence professionnelle en passant par les CAP, BEP, BTS etc.
Quels secteurs professionnels couvrez-vous ?
Neuf secteurs professionnels : l’agriculture et la mécanique agricole, les élevages, le secteur du paysage et de l’environnement, le secteur du commerce et de la valorisation des produits agricoles, le secteur des services aux personnes, le sanitaire et social, l’hôtellerie et restauration et le bâtiment.
Quels sont les principaux projets prévus pour 2015 ?
Ce n’est pas banal, nous ouvrons le 27 avril une nouvelle MFR au centre du Tarn et Garonne, qui existait déjà, mais qui a été reconstruite en grande ampleur pour développer tout le secteur de la mécanique et la maintenance agricole. Ce projet a répondu aux critères d’exigence du programme des investissements d’avenir, et nous avons été accompagnés par l’État, ainsi que la Région Midi-Pyrénées et le département du Tarn et Garonne. Ils ont compris que c’était un formidable projet de territoire car dans les métiers de la mécanique agricole, il y a zéro chômage en fin de formation. Ensuite cette année encore, plus de 210 jeunes vont pouvoir partir en stage de 2 ou 3 semaines dans un pays de l’Union Européenne, grâce aux subventions accordées par la Commission Européenne. C’est une dynamique formidable d’ouverture à l’autre et au monde.
Comment êtes-vous financés ?
Nous avons une mission de service public. Nous sommes financés par le ministère de l’agriculture, par la Région Midi-Pyrénées, et par les entreprises via la taxe d’apprentissage et la formation continue que nous avons développée.
Propos recueillis par Aurélie de Varax
Sur la photo : Emmanuel Cléro, directeur de la fédération régionale des MFR. Photo MFR Midi-Pyrénées.
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