« Clairement, le décalage est énorme entre le lycée et la prépa. En prépa on est tiré vers le haut intellectuellement. Après la prépa aussi il y a un certain décalage, mais c’est plus superficiel et surtout, moins grisant ! » témoigne Paul qui a intégré l’Institut des études politiques de Bordeaux après sa khâgne à Toulouse. Une exaltation que partagent de nombreux étudiants même si ces deux premières années intenses d’études supérieures relèvent d’une extrême exigence.
21 CPGE (Classes préparatoires aux grandes écoles) sont proposées en Midi-Pyrénées en établissements publics (16) ou privés (4), catégoriées en « prépas » littéraires, économiques et commerciales, économiques et gestion, ou scientifiques. Toutes les filières du Bac général, et certaines technologiques, y donnent accès. Cependant, les élèves de S trustent presque toutes les places. Si ce n’est en hypokhâgne AL et en CPGE Arts appliqués au lycée Rive Gauche de Toulouse, l’une des trois de l’Hexagone et qui recrute après un entretien. Là les L et ES ont leur chance !
80% des effectifs des CPGE midi-pyrénéennes sont concentrés à Toulouse, le reste se répartit à Albi et Tarbes. Les CPGE constituent une exception française depuis le … 17ème siècle ! Leur objectif est d’amener aux concours des écoles d’ingénieurs, des écoles militaires, de l’Ecole Normale Supérieure, de l’Ecole Nationale des Chartes, des écoles de commerce ou de l’Ecole Nationale Vétérinaire une cohorte de jeunes sélectionnés pour devenir la classe dirigeante du pays. Avec un accompagnement très impliqué de professeurs issus eux-mêmes de ce vivier. A la rentrée 2012, 1.809 filles et garçons ont été admis dans les différentes CPGE de la région, pour 20.329 candidatures déposées sur Admission Post-Bac selon les données du Rectorat de Toulouse.
Un parcours sécurisé par son élitisme
Avec une intégration sur le marché du travail devenue particulièrement difficile, les CPGE apparaissent, malgré les risques d’échec, comme une voie balisée vers des emplois recherchés par les entreprises, l’enseignement et la recherche, et la haute administration, et vers des carrières stables. Ce pourquoi les demandes sont en augmentation, mais continuent de concerner une certaine frange de la population. « Dans les zones rurales et les milieux modestes, on n’ose pas avoir cette ambition », souligne Jacques Brumont, professeur principal de la ES 1 (prépa économique) du lycée Théophile-Gauthier de Tarbes. Une distorsion pointée par les sociologues depuis les années 80 : les classes supérieures et intellectuelles sont surreprésentées car le niveau de diplôme des parents influent sur l’orientation des enfants.
N’empêche, les classes préparatoires se veulent accessibles à tous et lors de l’examen des dossiers, à la fin du deuxième trimestre de Terminale, seule la moyenne compte : « Le niveau scolaire doit être homogène et assez bon, nous acceptons des moyennes de 11 /12 en maths » précise Jacques Brumont.
Plus l’établissement est renommé (ndlr : Le lycée Fermat reçoit près de 6.000 demandes pour 980 places…), plus cette moyenne doit cependant être élevée : « La sélection est relativement académique, explique Christophe Delpoux, professeur d’histoire en prépa B/L (la seule en Midi-Pyrénées) au lycée Saint-Sernin à Toulouse, l’excellence scolaire prime. 75% des candidats que nous avons retenus obtiennent la mention très bien au Bac. » Sur le papier donc, tout parcours scolaire réussi peut prétendre aux CPGE. Il ne faut donc pas hésiter à choisir cette voie d’élite. Car même après un passage furtif, les débouchés professionnels sont meilleurs. La méthodologie et la puissance de travail développées dans cette filière sont effectivement garantes de réussite partout dans le Supérieur.
Force psychologique, capacité de travail et confort affectif pour réussir
Ne reste plus qu’à répondre au profil. Car au-delà de très bons résultats au lycée, il faut pouvoir « s’adapter psychologiquement à des conditions difficiles et exigeantes et savoir gérer le stress » indique Christophe Delpoux. Il est de notoriété que la masse de travail est assez colossale. Jérémie, qui a fait sa prépa véto au lycée Ozenne de Toulouse, ou Marie en prépa commerce au lycée Bellevue d’Albi, estiment avoir consacré entre 10 et 12 heures par jour à l’étude. Presque sans relâche : « Pas la peine d’imaginer un seul week-end ou une seule journée pendant les vacances sans bosser », prévient Alazaïs, qui a choisi de faire une troisième année de prépa au lycée Lakanal à Sceaux après deux ans à Saint-Sernin.
Comme de nombreux professeurs, elle souligne que le confort affectif est un plus indéniable pour étudier sereinement : « Même quand j’étais interne à Toulouse, le fait que ma famille soit assez proche et concernée par mon parcours était très porteur. C’est plus difficile aujourd’hui que je suis seule en région parisienne et à 40 minutes de mon lycée. » L’internat est d’ailleurs préconisé pour gagner en quantité et qualité de travail. Ne pas oublier donc de réserver une place au moment de l’enregistrement des vœux sur Admission post-bac. Après avoir fait son choix via l’Onisep qui recense toutes les prépas midi-pyrénéennes.
Nathalie Malaterre
Plus d’infos sur www.onisep.fr, chaque lycée proposant une CPGE, de même que l’université Champollion, qui lui consacre une page sur son site, voire des blogs leur sont dédiés comme celui de la CPGE des Arts Appliqués.
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