Une discipline militaire. Pas question de faire une grasse mat’. Les volontaires se lèvent chaque matin à 6 heures tapantes. Les corvées quotidiennes de ménage dans les chambres et les parties communes de l’internat les attendent. Dans l’Établissement pour l’insertion dans l’emploi (Epide) de Toulouse, filles et garçons portent également le même uniforme : polo rouge, pantalon bleu marine, chaussures beige robustes. Pour gommer les différences. Et ne pas tomber sur les graviers lors du rassemblement matinal, pour la montée du drapeau. Ce qui ne semble pas gêner Dylan Sechao, 19 ans. « Mes valeurs, je les retrouve ici », explique ce sportif, qui veut entrer dans l’infanterie de l’armée de Terre. « J’aime la cohésion de groupe et les règles qu’on m’impose. » Dounia Kadouri s’accommode aussi du règlement. « On le connaissait avant d’entrer à l’Epide. On doit l’accepter. » Elle s’est aussi résignée à porter le pantalon en toile. Une entorse à la mode… « Avec l’uniforme, pas de jalousie entre nous. »
Ni centre de formation ni école militaire
Ouvert en avril dernier, dans un bâtiment de l’ancien rectorat, à deux pas du lycée Bellevue, l’Epide est une structure particulière dans le paysage des dispositifs d’insertion socioprofessionnelle des jeunes les plus éloignés de l’emploi. Créée en 2005 à l’initiative du ministre de la Défense, l’établissement, - il y en a 19 en France, bientôt 20 avec celui d’Alès prévu en 2019 - n’est ni un centre de formation, ni une école militaire. Il propose un accompagnement sur huit mois renouvelable, rémunéré, à des jeunes âgés de 18 à 25 ans, sans diplôme ou qualification, et bien souvent en rupture scolaire et/ou familiale.
« Les deux premiers mois sont consacrés à la découverte d’un métier sans a priori de sexe et de secteur. Car bien souvent, les volontaires n’ont pas de projet », explique Alexandra Belot, cheffe de service insertion professionnelle et formation. Cette période vise aussi à « faciliter leur parcours », ajoute Jean-Baptiste Arques, conseiller d’éducation et citoyenneté. « Nous les amenons à la CAF, à la sécurité sociale. Ils mettent à jour leur vaccin. Nous les aidons aussi à être mobiles et autonomes. » Entre temps, les cours individuels de remise à niveau et les ateliers d’insertion rythment leur emploi du temps. « Je suis une personne qui a besoin d’être soutenue, poussée. Sinon je ne vais pas y arriver car je n’ai pas confiance en moi. Ils (formateurs et moniteurs, ndrl) sont derrière moi », poursuit Dounia Kadouri. La jeune fille de 19 ans, qui a arrêté le lycée en Seconde, a décidé de se « prendre en main ». « Je me suis perdue. Maintenant je veux penser à moi, et faire des stages. J’hésite entre la petite enfance, la cuisine ou l’uniforme ».
Sur une centaine de candidatures, le centre de Toulouse en a accepté une soixantaine. Et ils sont 36% à avoir trouvé un contrat en apprentissage ou un CDD dans les entreprises partenaires telles que Carrefour et La Panetière. Ce succès ne doit pas cacher certains écueils puisque 18% ont démissionné, 7% ont été exclus et 18% ont été radiés pour absentéisme.
L’Epide Toulouse, qui a une capacité d’accueil de 150 volontaires, organise des sessions d’admission tous les deux mois. La prochaine aura lieu le 5 décembre.
Audrey Sommazi
Sur la photo : Des volontaires de l’Epide Toulouse. Photo Epide DR.
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