Florian Jutisz, vous êtes vice-président de l’association toulousaine Deux pieds deux roues et coordinateur du Plan de déplacements inter-entreprises de l’association Toulouse Ouest Partenaires, comment est née cette mesure sur l’indemnité des frais kilométriques ?
Elle s’inspire en partie d’un rapport daté de novembre dernier du ministère de l’Écologie, une étude complète qui estime l’impact en termes de coûts et de bénéfices d’un soutien financier aux salariés qui se rendent au travail à vélo. La conclusion est que le meilleur taux est celui de 25 centimes le km. Mais le PAMA, le Plan d’action de mobilité active, ne suit pas ce rapport jusqu’au bout, qui préconise de rendre cette mesure obligatoire. Il reste au stade de l’expérimentation.
En quoi consiste l’expérimentation ?
C’est assez flou, nous avons peu d’informations. Il faut chercher des entreprises déjà actives, qui ont des PDE qui fonctionnent, pour mettre en place cette indemnité. Le coordinateur interministériel du vélo a fait appel à notre fédération, la Fédération Française des Usagers de la Bicyclette (FUB), pour propager ce message, être le relais sur le terrain.
Quels sont les avantages à se rendre au travail à vélo pour le salarié ?
Si cette indemnité kilométrique est mise en place, le salarié percevra 0,25€/km, il sera donc récompensé de ses efforts. Par exemple pour un trajet de 16 km A/R, cela représente 70€/mois. Se rendre au travail à vélo, c’est l’assurance d’avoir un temps de trajet constant par rapport à celui de la circulation en voiture. Et quand on arrive, on est opérationnel. Et quand on rentre, on a fait le vide dans son esprit. C’est une activité physique qui apporte une meilleure santé. Et où l’on préserve son porte-monnaie !
Mais cela demande aussi certains efforts et quelles sont les contraintes ?
Il faut s’organiser, prendre des vêtement de rechange, avoir un équipement de pluie dans son sac, et un vélo de qualité. Et pour profiter pleinement du parcours, il faut se préparer un itinéraire qui évite les grands axes de circulation.
Et pour les entreprises, quels seront les avantages ?
Ils sont plus visibles encore. Le coût du foncier du parking sera moins élevé, puisque le vélo prend six fois moins de place qu’une voiture. Avec ce mode de transport alternatif, les entreprises ont des salariés en forme physiquement et moralement. Dans le rapport du ministère de l’Écologie, qui s’appuie sur les retours d’expérience de la Belgique, des Pays Bas et de la Suisse, il est précisé que les cyclistes ont moins d’arrêt maladie que les conducteurs de voiture.
Finalement cette mesure est une avancée qui fait entrer le vélo sur la scène socio-économique ?
Oui et ce n’est que justice, car il était ignoré des soutiens à la mobilité. Les abonnements des transports en commun sont remboursés en partie, et on peut déduire les frais kms de ses revenus. Il n’y a aucun avantage fiscal pour le vélo, il faut rééquilibrer cette situation et inciter à un mode de transport qui n’est pas source de pollution. Cette mesure va pousser les gens à réfléchir, et à faire le choix du vélo pour aller au travail.
Est-ce que ces arguments peuvent convaincre les entreprises françaises ?
Elles ont conscience de la nécessité de faire baisser l’usage de la voiture. Mais le coût immédiat de la mesure risque d’en décourager certaines.
Propos recueillis par Virginie Mailles Viard
Sur la photo : Florian Jutisz est coordinateur du Plan de déplacements inter-entreprises de l’association Toulouse Ouest Partenaires qui regroupe 24 entreprises et 17.000 salariés. Elle a reçu le trophée mobilité Or de Tisséo en 2013. Photo Hélène Ressayres - ToulEmploi.
Le coût de cette mesure est estimé à 110 millions d’euros. Il serait donc en partie compensé par une économie de soins d’environ 35 millions d’euros. Outre ses bienfaits sur la qualité de l’air et la santé, le vélo est un secteur à fort potentiel qui génère chaque année 4,5 milliards de retombées économiques et représente 35.000 emplois.
3 Messages