Pascale Weiss, vous êtes la déléguée régionale de l’Udes, l’Union des employeurs de l’économie sociale, pouvez-vous nous rappeler le "poids" de l’Economie sociale et solidaire (ESS) en Occitanie ?
Dans notre région, l’ESS emploie plus de 213.000 salariés, ce qui représente 12% des emplois du territoire, et compte près de 23.200 établissements, associations, coopératives, mutuelles... soit 10,7% du total des établissements de la région. Le secteur social et médicosocial reste prépondérant parmi les activités, mais nous regroupons plus largement 16 branches professionnelles et 23 groupements d’employeurs en Occitanie. L’ESS est donc loin d’être "le parent pauvre" de l’économie.
Vous vous êtes réunis ce lundi 10 octobre au sein de l’organisme de formation que vous dirigez à Toulouse, Erasme, quel était l’objectif de cette rencontre ?
Tenir nos adhérents au courant de l’évolution des différentes actions que mène l’Udes auprès des pouvoirs publics et des partenaires sociaux, mais aussi de l’avancée de notre projet « Objectif Transitions 2025 » en Occitanie. Nous faisons en effet partie des six régions engagées dans ce projet national qui vise à aider les acteurs de l’ESS à faire évoluer leurs modèles afin de prendre en compte les objectifs de transition écologique fixés par l’Etat. Nous souhaitons travailler en partenariat avec la Région et la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire et avons engagé des démarches dans ce sens. Nous espérons qu’elles vont aboutir rapidement car ce sujet, qui relevait jusqu’alors de la démarche individuelle, est devenu une préoccupation largement partagée. La guerre en Ukraine est certes venue tout bouleverser, et désormais, tout le monde est contraint d’évoluer en marche forcée.
Vous êtes inquiets ?
Oui bien sûr. Dans le secteur que je connais le mieux, c’est-à-dire le social et médicosocial, les employeurs sont très inquiets. D’autant que les incertitudes liées aux questions énergétiques viennent s’ajouter à d’autres problèmes de recrutement ou de fidélisation des salariés. Nous avons participé récemment à l’opération escargot qui visait justement à alerter sur les conséquences de la non revalorisation par les pouvoirs publics des salaires de certains professionnels. Cela met en péril de nombreuses structures contraintes à fonctionner en sous-effectif faute de parvenir à embaucher, voire à fermer... Et pose bien sûr la question de la qualité du service apporté aux bénéficiaires...
Pourtant, comme toujours dans les moment difficiles, de belles choses émergent. En matière de qualité de vie au travail par exemple, certaines associations font évoluer leurs pratiques pour que les horaires de leurs salariés soient regroupés sur des demi journées ou que leurs interventions soient limitées à un périmètre géographique. Je suis également surprise par la jeune génération, par son engagement, son souci d’inscrire son action dans quelque chose qui fait véritablement sens. C’est un véritable espoir pour l’ESS, car s’il y a bien un secteur qui fait sens, c’est celui-ci !
Propos recueillis par Ingrid Lemelle
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