« Il y a quelques mois, Louis Gallois, président du conseil de surveillance de PSA, ex-dirigeant de la SNCF et ex-président de EADS, déclarait qu’une des faiblesses de l’industrie française tenait au coût des ingénieurs français, 30% plus chers en France qu’en Allemagne, en raison notamment du plafonnement des charges sociales dans ce pays. Au-delà du problème de compétitivité des entreprises positionnées à l’export, la remarque soulève plusieurs problèmes.
Quid du statut cadre ?
La question du salaire pour commencer. Les écarts de salaire entre ingénieurs en France sont en effet très importants selon le secteur d’activité dans lequel ils évoluent, la taille de l’entreprise qui les emploient, mais aussi bien sûr, de la formation suivie. Un diplômé ingénieur de l’Icam ne démarrera certes pas sa carrière au même salaire qu’un diplômé d’HEC. Le résultat d’une spécificité française dans laquelle le culte du diplôme perdure ? Oui, mais pas seulement. Les conventions collectives, dont dépendent certaines entreprises pour calculer la rémunération de leurs collaborateurs, intègrent la nature du diplôme. Le statut également.
Or quid du statut cadre, à l’heure où la France ouvre (sous la pression de l’Europe...) le grand chantier des compétences VS diplômes ? La France, qui reste le seul pays à avoir un statut cadre... Un statut reconnu à des personnes qui n’encadrent qu’elles-mêmes, tandis qu’il est refusé à des techniciens en charge de gérer des équipes, sous prétexte de ne pas avoir la formation requise... Un statut dont bénéficient aujourd’hui la plupart des ingénieurs, avec la rémunération qui va généralement avec... Et demain ?
Reste que la France manque cruellement d’ingénieurs, ce qui a directement contribué à une inflation des salaires dans certains secteurs, une pénurie qui ne cesse de s’intensifier avec le redémarrage de l’économie et donc des embauches. Or déjà, certaines entreprises commencent à faire leur « marché » en Europe, au Canada ou en Asie. Là où se trouvent des ingénieurs très bien formés et... bien moins chers ! Une situation qui pourrait impacter à moyen terme la rémunération de nos ingénieurs français...
Alors, et si nous ouvrions aussi le chantier du management intermédiaire, la place des contremaîtres, chefs d’équipes et autres chefs d’ilots ? Un management bien malmené dans cette période de transformation des entreprises. »
Corinne Cabanes, dirigeante du cabinet Corinne Cabanes & Associés
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Sur la photo : Corinne Cabanes, dirigeante du cabinet Corinne Cabanes et Associés. Photo DR.
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