Comment les services de Pôle emploi Occitanie s’organisent-ils pour mettre en œuvre la réforme de l’assurance chômage et de l’accompagnement des chômeurs (voir les mesures ci-après), dont les premières mesures devront être appliquées au 1er novembre ?
Notre offre évolue et nous nous organisons en expérimentant notamment le « pack de démarrage » dans nos agences de Carmaux et Alès.
Il s’agit de proposer à toute personne qui s’inscrit pour la première fois à Pôle emploi deux demi-journées d’accompagnement, contre un entretien d’inscription de 40 à 45 minutes aujourd’hui. L’objectif est de réaliser un diagnostic de sa situation et de ses compétences au regard du marché du travail, puis de pouvoir engager rapidement les premières actions lui permettant de renouer avec l’emploi. Séances collectives et individuelles, rythme… nous sommes en train de déterminer ce qui fonctionne le mieux pour commencer à le déployer dans l’ensemble des agences d’Occitanie à partir de janvier.
L’autre grande mesure concerne les demandeurs d’emploi qui sont dans une situation prolongée d’alternance de contrats courts et de chômage. Cette situation, souvent subie, rend leur accompagnement difficile car ils travaillent parfois en horaires décalés, ne peuvent pas s’engager dans une formation, etc. Nous allons donc avoir recours à des prestataires extérieurs pour compléter notre offre, des cabinets qui devront s’adapter à leurs spécificités et contraintes pour répondre à l’appel d’offre que nous lancerons d’ici à la fin de l’année.
Vous allez justement être amenés à accompagner plus de personnes (les démissionnaires et indépendants auront désormais droit à l’assurance chômage) et assurer davantage de services, allez-vous avoir plus de moyens pour ce faire ?
Pôle emploi a engagé depuis plusieurs années déjà une réorganisation interne qui, grâce à la dématérialisation de certaines taches ou au développement d’outils informatiques, nous a permis d’affecter davantage de personnel au suivi des demandeurs d’emploi (près de 250). Nous continuons dans ce sens, et nous allons renforcer notre équipe de conseillers entreprises, aujourd’hui constituée de 470 personnes. Nous allons procéder à l’embauche de 85 personnes à partir d’octobre, dont la mission sera de lever les difficultés de recrutement, qui sont croissantes (+ 8 points entre 2018 et 2019). Car c’est là l’enjeu majeur ! Répondre aux besoins d’entreprises qui sont de plus en plus confrontées à une pénurie de profils ou pénalisées par le manque d’attractivité de certains métiers. Nous menons de nombreuses opérations qui contribuent avec succès à lever les freins, et nous nous engageons à travailler un plan d’actions avec toute entreprise qui ne parviendrait pas à pourvoir son poste passé un mois.
L’objectif de cette réforme est de contribuer à une reprise d’emploi plus rapide, mais ne craignez-vous pas que l’instauration d’un système de bonus-malus pour certaines entreprises qui proposent beaucoup de contrats courts ne « casse » le dynamisme du marché du travail, particulièrement dans des régions comme l’Occitanie où les offres de contrats saisonniers sont importantes ?
Nous devrons, il est vrai, rester vigilants. Mais pour l’instant, ce que nous observons c’est surtout que les entreprises ont besoin de recruter. Le nombre d’emplois créés en Occitanie au premier trimestre 2019 en témoigne : plus de 10.000, contre environ 22.000 sur l’ensemble de 2018. L’évolution du nombre de CDI est également un bon indicateur de la confiance des entreprises (+ 4,9% sur le premier trimestre par rapport à 2018).
Propos recueillis par Ingrid Lemelle
Sur la Photo : Serge Lemaître, directeur de Pôle emploi Occitanie. DR.